C'est avant tout un journaliste professionnel qui a l'habitude de travailler seul et a collaboré avec de nombreux médias français. On connaît aussi ses coups de gueules, ses combats. Nadir est certes un personnage charismatique, mais pas un fou furieux.
Il était allé en Irak en 2003 en tant que bouclier humain. Il en avait tiré un livre, Journal de guerre d'un pacifiste [publié en 2005 par le CFD]. Revenir 10 ans après sur place lui tenait à coeur.
Comment avez-vous appris son arrestation et son emprisonnement ?
J'ai eu de ses nouvelles pour la dernière fois le 23 janvier. Il expliquait par SMS qu'il y avait des problèmes de Wi-Fi et que c'était compliqué de communiquer par mail. Je ne me suis donc pas inquiété tout de suite de son silence les jours suivants quand j'essayais de le joindre.
Il avait en fait été arrêté le 23 janvier à Bagdad par la police mais nous ne l'avons appris que cinq jours plus tard, le 28 janvier. Ce jour-là, Nadir a réussi à téléphoner à une amie car il se souvenait de son numéro par coeur.
Il a expliqué qu'il était en prison avec une vingtaine de co-détenus, qu'il gardait le moral et a demandé que l'on contacte au plus vite sa famille et ses proches.
Pourquoi a-t-il été arrêté ?
Je ne le sais pas ! Nous n'avons toujours pas d'informations officielles, ni sur les conditions de son arrestation, ni sur le motif. Il n'est par ailleurs toujours pas inculpé.
Tant que nous n'avons pas la version de Nadir, nous mettons en doute la version des autorités irakiennes, qui est de source anonyme [un responsable des forces de sécurités irakiennes a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que le journaliste avait photographié des "sites sensibles appartenant au dispositif sécuritaire", NDLR].
La seule chose dont nous sommes sûrs c'est que Nadir était entré légalement en Irak avec un visa de journaliste et qu'il a été arrêté alors qu'il exerçait son métier.
Savez-vous comment il va ?
Je ne peux pas affirmer aujourd'hui qu'il va bien, ni physiquement ni moralement. Personne au consulat de France à Bagdad n'a encore pu rencontrer Nadir. Cette rencontre devrait normalement avoir lieu demain [samedi 2 février] d'après le Ministère des Affaires étrangères français. A Paris, la famille de Nadir devrait être reçue au Quai d'Orsay d'ici un jour ou deux.
Nous sommes très inquiets et nous exigeons des autorités françaises qu'elles fassent tout leur possible pour mettre la pression sur les autorités irakiennes, d'abord pour que le Consul de France à Bagdad puisse le rencontrer rapidement et ensuite, s'il est inculpé, pour qu'il ait l'assistance d'un avocat.
> La
pétition pour appeller à la libération de Nadir Dendoune