Nagorny Karabakh : pourquoi Erevan et Bakou se disputent cette région ?

L'Azerbaïdjan a lancé mardi 19 septembre une opération militaire au Nagorny Karabakh, trois ans après la précédente guerre, demandant la reddition de son adversaire arménien. Pourquoi l'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent cette région depuis des décennies ? Explications.

 

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Haut Karabakh

Illustration. Haut-Karabakh, près de Kalbajar, Azerbaïdjan, le 2 décembre 2020. @Photo AP/Emrah Gurel.

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Le Nagorny Karabakh est au centre d'un long conflit entre Erevan et Bakou qui se sont livré deux guerres pour cette enclave du Caucase à majorité arménienne mais reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

D'une main à l'autre 

Considéré comme une région centrale de son histoire par l'Arménie, le Nagorny Karabakh, qui signifie Karabakh montagneux ou haut Karabakh en russe, a changé de mains de multiples fois au cours des siècles.

Intégrée au royaume arménien dans l'Antiquité, cette région passe sous influence arabe au Moyen Âge avant qu'une révolte ne la fasse revenir dans le giron de l'Arménie.

Après une période d'influence perse, le Khanat de Karabakh, Etat alors turcique, est finalement incorporé à l'Empire russe en 1813.
Puis, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent le territoire lors de la guerre civile ayant suivi la révolution bolchévique de 1917.

Bien que peuplé en majorité par des Arméniens, il est rattaché à la république soviétique d'Azerbaïdjan en 1921 par Staline avec, à partir de 1923, un statut d'autonomie. Ce statut reste inchangé jusqu'aux dernières années de l'Union soviétique.

Haut-Karabakh

Des véhicules militaires russes roulent le long d'une route en direction de la région séparatiste du Haut-Karabakh, le 13 novembre 2020. @Photo AP/Sergei Grit.

Peuples arménien et azerbaïdjanais 

Cette enclave terrestre reste essentiellement peuplée d'Arméniens de confession chrétienne, selon les données officielles, et compte environ 120.000 habitants répartis sur 4.400 m2 de territoire surtout montagneux. Le tiers environ vit à Stepanakert, la capitale.
La guerre des années 1990 a conduit à d'importants déplacements de populations, près de 700.000 Azerbaïdjanais fuyant l'Arménie et le Nagorny Karabakh et 230.000 Arméniens fuyant l'Azerbaïdjan.

Haut-Karabakh

Marché de Stepanakert, la capitale de la région séparatiste du Haut-Karabakh, le 21 novembre 2020. Les Arméniens de souche reprennent une vie normale après la signature d'un cessez-le-feu négocié par la Russie entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. @Photo AP/Sergei Grits.

Référendum et guerre 

Des violences interethniques éclatent dès 1988. A la dislocation de l'URSS en 1991, le Nagorny Karabakh organise un référendum boycotté par la communauté azerbaïdjanaise puis proclame son indépendance de Bakou avec le soutien d'Erevan. Cette indépendance n'a été reconnue par aucun Etat membre de l'ONU.

Avec le départ de l'armée soviétique de la région, une escalade des violences mène à une guerre ouverte. Quelque 30.000 personnes y trouvent la mort, jusqu'à un cessez-le-feu négocié par Moscou, le 17 mai 1994.

Bien que disposant de ses propres institutions et gouvernement, le Nagorny Karabakh est soutenu politiquement, économiquement et militairement par l'Arménie.

Haut-Karabakh

Cimetière de Stepanakert, la capitale de la région séparatiste du Haut-Karabakh, le 22 novembre 2020. Des services religieux ont lieu pour honorer la mémoire des personnes décédées pendant le conflit. @Photo AP/Sergei Grits.

Revanche de l'Azerbaïdjan 

Un nouveau conflit éclate à l'automne 2020, faisant 6.500 morts en six semaines, avant un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie.

La guerre se solde par une écrasante défaite de l'Arménie, contrainte de céder à l'Azerbaïdjan d'importants territoires formant un glacis autour de l'enclave ainsi qu'une partie de la région, notamment la ville de Choucha.

En dépit de la présence de forces d'interposition russes, les incidents armés entre forces arméniennes et azerbaïdjanaises se sont régulièrement produits, les deux belligérants s'en rejetant la responsabilité.

 Haut-Karabakh.

Le 20 septembre 2023, explosion au-dessus d'une zone qui, selon l'Azerbaïdjan, abrite les positions des forces arméniennes sur le territoire du Haut-Karabakh.  @Ministère de la Défense de l'Azerbaïdjan via AP.

"Blocus" 

Les tensions entre Bakou et Erevan reprennent fin 2022, lorsque l'Azerbaïdjan installe des points de contrôle avant de bloquer la circulation dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l'Arménie, entraînant de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans l'enclave.

En juillet, la diplomatie arménienne appelle à redoubler "les efforts internationaux" pour mettre fin au blocus du Nagorny Karabakh et rouvrir le corridor, rappelant ses craintes d'un "nettoyage ethnique" de la région.

Malgré les médiations séparées de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie, Erevan et Bakou échouent à s'entendre sur un traité de paix.

Le 19 septembre 2023, l'Azerbaïdjan a lancé des "opérations antiterroristes" au Nagorny Karabakh, après la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l'explosion de mines, accusant des séparatistes arméniens d'acte de "terrorisme".