Pour l'instant, seule la Norvège a ratifié cette convention, et la France ne devrait pas tarder, selon Patrick Rondeau. A ce rythme, Jacky Bonnemains estime qu'elle ne devrait pas entrer en vigueur avant 10 à 15 ans. "Elle apporte certaines améliorations. Les chantiers devront être agréés, protéger les ouvriers, présenter des garanties sur l'élimination des déchets dangereux. Mais on est toujours dans le 'devront, devraient', et cela n'apportera pas d'amélioration radicale, parce que la convention de Hong-Kong, par exemple, autorise toujours l'échouage des navires."
Il note des efforts belges et danois : "Il y a des tentatives d'ouverture de chantiers qui sont prometteuses. Mais les navires sont des véhicules et circulent souvent en Asie. C'est vrai qu'il y a une certaine logique à les envoyer à la démolition là-bas et à éviter de les faire revenir en Europe pour ça."
En matière d'échouage, le Parlement européen voudrait aller plus loin encore. "L'Europe est en période d'invocation et de gestation de
réglementation pour tenter d'endiguer ce rush des bateaux appartenant à des armateurs européens vers, systématiquement, des destinations asiatiques où il y a des dangers pour l'environnement et pour les travailleurs. Est prévue, mais pas encore entrée en vigueur, une interdiction pour les armateurs européens d'envoyer les navires à la casse en Asie pour les échouer sur la plage, à cause des risques pour l'environnement et pour les travailleurs", annonce Jacky Bonnemains. En projet, "un fonds européen financé par des taxes sur tous les navires se rendant dans les ports de l'Union européenne, [qui] permettrait de rendre compétitive la démolition des navires dans les installations approuvées par l'UE." L'initiative, menée par le député suédois Carl Schlyter, a été adoptée en séance plénière en juillet.
Une interdiction qui pourra pourtant être contournée de la même manière que la convention de Bâle, selon le porte-parole de l'association écologiste. En dépavillonnant son navire, tout simplement… "A l'heure actuelle, il n'y a pas de réglementation internationale, ni de réglementation européenne ou américaine au sens Canada-Etats-Unis, qui interdise aux armateurs de dépavillonner leur navire dans les deux ou trois mois qui précèdent la démolition, voire pour le dernier voyage qui mène le bateau à la démolition."