
Fil d'Ariane
Le 25 avril 2015, le Népal a été ravagé par un séisme d'une magnitude de 7,8, qui a fait près de 9.000 morts, plus de 22.000 blessés et des millions de sans-abri. Dans la capitale népalaise Katmandou, la reconstruction des nombreux bâtiments détruits a été longue et difficile. Retour sur la pire catastrophe naturelle qu'a subi le pays.
Une survivante regarde sa maison endommagée par le tremblement de terre dans le district de Rukum, au nord-ouest du Népal, le 6 novembre 2023.
La secousse et ses répliques ont causé des dégâts considérables, mettant à bas plus d'une centaine de monuments historiques, temples ou palais.
Dans le quartier historique de Bhakaptur à Katmandou, le petit immeuble de quatre étages de Ram Bahadur Nakarmi, 61 ans, a été sérieusement ébranlé. Faute de moyens, son propriétaire n'a jamais pu le reconstruire. Malgré les lézardes, il continue à y habiter. "Aujourd'hui encore, c'est angoissant", confie-t-il. "Le moindre tremblement nous terrifie. A chaque fois, nous quittons la maison en courant".
Le désastre a mis en évidence les failles des secours népalais et les efforts de reconstruction ont été entravés pendant de longs mois par la bureaucratie et les querelles politiciennes.
Une décennie plus tard, des progrès significatifs ont toutefois été accomplis.
Un survivant inspecte une maison endommagée par le tremblement de terre dans le district de Rukum, au nord-ouest du Népal, le lundi 6 novembre 2023.
Selon les statistiques officielles, près de 90% des logements détruits ont été rebâtis, ainsi que des milliers d'écoles, de centres de santé ou de bâtiments administratifs. De nombreux temples ont eux aussi été relevés des décombres.
Re(voir) aussi : Népal : comment vit-on dans un pays exposé aux risques sismiques ?
Népal, le défi de la reconstruction
Une étude de la Société nationale népalaise pour la technologie des séismes et la fondation Global Quake Model a conclu que ces efforts avaient permis de réduire de 44% le nombre de bâtiments susceptible d'être détruits par un nouveau séisme.
"Les premières années post-séisme ont été consacrées à la reconstruction", note Dinesh Prasad Bhatt, le chef de l'Autorité nationale de la réduction des risques de catastrophe (NDRRMA).
"Nous devons maintenant mettre l'accent sur les secteurs qui n'ont pas été touchés en 2015 mais qui sont menacés", ajoute-t-il. "Il faut appliquer les leçons tirées de 2015 au reste du pays".
Selon l'ONU, le Népal arrive au 11e rang mondial des pays les plus menacés par les séismes.
Sa situation géographique place le petit pays sur la ligne de faille géologique où la plaque tectonique indienne se heurte à la plaque eurasienne pour former le massif de l'Himalaya.
Depuis 2015, les autorités népalaises ont créé la NDRRMA et renforcé leur arsenal pour améliorer la réponse à un prochain séisme d'ampleur.
Elles ont ainsi imposé des normes de construction antisismiques plus sévères et réorganisé l'organisation des secours à l'échelon local.
"Comparé à ce qui existait en 2015, nous avons fait d'énormes progrès", résume Anil Pokharel, un ancien chef de la NDRRMA. "Mais cela reste encore insuffisant à l'échelle des risques".
Un Népalais prie dans un temple détruit lors du tremblement de terre de 2015, dans les locaux du temple de Pashupatinath à Katmandou, au Népal, le 11 janvier 2021.
Les experts notent ainsi que si les bâtiments sont mieux protégés à Katmandou, c'est loin d'être le cas dans les régions plus isolées où les infrastructures et les ressources sont nettement plus limitées.
"Le Népal a tiré de multiples leçons du séisme de 2015, mais les politiques en place ne sont que des morceaux de papier qui définissent un système", avertit Surya Narayan Shrestha, de la Société nationale népalaise pour la technologie des séismes.
S'il reconnaît des progrès, le responsable de la Banque mondiale au Népal, David Sislen, considère lui aussi que le pays "reste dangereusement mal préparé à un désastre majeur".
"Si d'autres mesures de réduction et de gestion des risques ne sont pas adoptées, la vulnérabilité (du pays) va s'aggraver et mettre en danger sa population ou ses services", développe-t-il.
Entre autres priorités, le responsable cite notamment la nécessité de "renforcer les écoles, les hôpitaux et autres infrastructures vitales".
Une urgence soulignée par la persistance d'une forte activité sismique dans la région. Plus de 800 séismes d'une magnitude supérieure à 4 ont été recensés au Népal depuis 2015...
Chacun a causé son lot de frayeurs dans une population traumatisée par le désastre de 2015.
"Ce fut un jour noir, un jour qui a anéanti notre bonheur", confie Shri Krishna Chhusyabada, qui a perdu trois membres de sa famille il y a dix ans, ensevelis sous les décombres de sa maison. "J'espère ne plus jamais connaître un tel désastre".