Fil d'Ariane
Visages fermés, regards baissés, huit jeunes filles et une multitude de jeunes garçons aux regards d'enfants participent à une cérémonie destinée à officialiser leur retour dans la société.
Ils sortent d'une longue captivité.
Suspectés d'être liés au groupe djihadiste Boko Haram, ils ont été arrêtés par l'armée nigériane à Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno, dans le nord-est du pays.
Le chef d'Etat-major de l'armée a approuvé la libération immédiate de 184 enfants associés à des groupes armés. Ces enfants ont reçu un soutien psychologique, un soutien médical, une déradicalisation avant leur retour dans la société.
Major-général Rogers Nicholas, commandant de l'opération
La cérémonie solennelle se déroule en présence d'un représentant de l'Organisation des Nations unies. Ibrahim Cissé remercie l'armée nigériane pour son intervention.
Le transfert des enfants est conforme aux lois internationales concernant les besoins et les droits des enfants. Nous vous remercions d'avoir assumé cette responsabilité pour que nos enfants aient un meilleur départ dans la vie.
Ibrahim Cisse, représentant de Nigéria à l'ONU
"Leur libération est une étape importante du long chemin vers leur rétablissement", estime Mohamed Fall, représentant du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance au Nigeria.
Le calvaire des enfants prend fin, mais il va laisser des séquelles.
Désormais lavés des soupçons qui pesaient sur leurs liens supposés avec les jihadistes, ces jeunes continuent cependant de porter en eux le traumatisme d'une détention arbitraire.
En avril, l'UNICEF estimait à plus de 1 000 enfants le nombre des jeunes enlevés par le groupe jihadiste depuis 2013 : les garçons, souvent utilisés comme combattants, les filles, comme esclaves sexuelles ou bombes humaines.
Des enfants victimes des djihadistes de Boko Haram mais aussi victimes de l'armée, selon les organisations de défense des droits de l'homme.
Depuis le début de l'insurrection djihadiste en 2009, l'armée nigériane a arrêté arbitrairement et détenu au secret des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants dans de rudes conditions
Amnesty International, rapport annuel 2018
Près de 5 000 personnes étaient ainsi détenues en 2017, selon Amnesty International, dans la caserne militaire de Giwa, à Maiduguri.
L'insurrection de Boko Haram visant à établir un califat islamique dans le nord du Nigeria a fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.