Nouveau gouvernement en France : les élus dénoncent la fin du ministère des Outre-mer

Lors du remaniement gouvernemental de ce 4 juillet, le ministère des Outre-mer est mis sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. De ce fait, le portefeuille de Gérald Darmanin est élargi. La droite dénonce la "promotion" du ministre, tandis que la gauche s'insurge contre le message envoyé aux territoires d'Outre-mer.
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darmanin macron
Malgré la mauvaise gestion de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France, Emmanuel Macron renouvelle sa confiance à Gérald Darmanin en le laissant en poste Place Beauvau. Il lui a même élargi son portefeuille.
Caroline Blumberg/AP
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D'un ministère à part entière à un ministre sous tutelle. C'est le sort que le remaniement a réservé au ministère des Outre-mer, qui bénéficiaient d'un ministre de plein exercice depuis dix ans. Ainsi, les fonctions du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont élargies. Pourtant, le fiasco de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France le 28 mai l'avait affaibli.

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À l'extrême-droite de l'échiquier politique, la "promotion" du ministre de l'Intérieur est vivement critiquée. "Après le fiasco du Stade de France, les mensonges à répétition, l'incapacité à gérer la submersion migratoire et l'ensauvagement, Gérald Darmanin est.... promu!?!", lance Laurent Jacobelli. "On continue, on prend les exactement les mêmes et on recommence, ironise de son côté le président par intérim du Rassemblement National (RN) Jordan Bardella. Mais pour aller où ?". La cheffe de file des députés RN à l'Assemblée nationale Marine Le Pen estime que cette nomination est une punition envoyée aux utramarins pour avoir "mal voté" lors des élections.

Pour rappel, Marine Le Pen était arrivée en tête des suffrages en Outre-mer, plébiscitée par 58,27% des électeurs. 

Les élus de gauche dénoncent un message de mépris

La mise sous tutelle du ministère des Outre-mer est vécue comme un "recul historique" par Karine Lebon, députée de La Réunion au sein du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR). Interrogée par le quotidien français Libération, elle estime que "ça ne fait que confirmer une forme de mépris que nous dénonçons depuis des années, avec une approche sécuritaire de nos problèmes, loin des enjeux sociaux, économiques et institutionnels qui sont minorés."

Sur la chaîne de télévision France Info, le député GDR Polynésien Moetai Brotherson rappelle " la manière dont monsieur Darmanin avait envoyé la troupe en Guadeloupe."  En novembre 2021, alors que l'obligation vaccinale des soignants et pompiers entrait en vigueur dans les territoires d'Outre-mer, des émeutes éclatent en marge des mouvements de contestation. Le gouvernement s'était résolu à envoyer le RAID et le GIGN, pour rétablir l'ordre. En faisant le lien avec ces événements, le député polynésien estime que "ce n'est pas forcément un message très enthousiasmant qui est envoyé aux Outre-mer en ce jour."

La présidente du groupe de La France Insoumise (LFI) Mathilde Panot fait le même constat. Pour elle, l'affectation du portefeuille des Outre-mer au ministère de l'Intérieur est synonyme de "cynisme et mépris de la macronie."Même son de cloche de la part d'Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine. "Conjuguer Intérieur et outre mer au sein du ministère de Gérald Darmanin pour mater les rébellions de celles et ceux qui subissent le plus durement la crise sociale ?! Et comment ne pas voir le mépris et l’outrage, la référence coloniale !, dénonce-t-elle sur son compte Twitter.

Jean-François Carenco occupe désormais le poste de ministre délégué aux Outre-mer. Proche de l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, il a notamment été préfet à Saint-Pierre et Miquelon (1996-1997) et en Guadeloupe (1999-2002). Il remplace Yaël Braun-Pivet, qui a quitté la rue Oudinot 36 jours après y être arrivée, pour s'envoler vers le perchoir de l'Assemblée nationale.