Fil d'Ariane
Des Israéliens se rassemblent après avoir entendu l'annonce de la libération des treize otages israéliens, à Tel Aviv, en Israel, le 24 novembre 2023
Les libérations de trois otages israéliens, tous binationaux, et de 369 prisonniers palestiniens, auront lieu ce samedi. Elles coïncident avec l'arrivée du secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, qui est attendu pour des entretiens prévus dimanche.
Les trois hommes devant d'abord être libérés à Gaza sont Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Sagui Dekel-Chen, Israélo-Américain de 36 ans, et Yair Horn, Israélo-Argentin de 46 ans. La branche armée du Jihad islamique a diffusé vendredi soir une vidéo montrant Sacha Trupanov sur le rivage de Gaza avec une canne à pêche.
Les trois Israéliens ont été enlevés au kibboutz Nir Oz lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza. Sur 251 personnes alors prises en otage, 73 sont toujours à Gaza, dont au moins 35 mortes, selon l'armée israélienne.
Parmi les détenus palestiniens qui doivent être relâchés samedi, 36 ont été "condamnés à la perpétuité", dont 24 seront expulsés, selon le Club des prisonniers palestiniens. L'Egypte et le Qatar ont mené cette semaine une médiation pour que cet échange soit mené à bien, et la trêve sauvegardée, après des menaces du Hamas de suspendre les libérations, et d'Israël de reprendre la guerre, les deux parties s'accusant de violations de l'accord.
En Israël, l'inquiétude est vive sur l'état physique et psychologique des trois hommes, alors qu'un ex-captif, Keith Siegel, a témoigné des "conditions inimaginables" de sa détention, vécue "dans la peur constante". "Chaque jour me semblait être le dernier", a raconté dans un message vidéo cet Israélo-américain de 65 ans, libéré le 1er février. "J'étais affamé et torturé, à la fois physiquement et émotionnellement", a-t-il ajouté.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit vendredi "très inquiet des conditions de vie" des captifs à Gaza. Il avait auparavant appelé à ce que les libérations se déroulent de façon "digne".
Lors de la précédente libération, le 8 février, le Hamas avait contraint trois otages très affaiblis physiquement à saluer une foule de Gazaouis, dans une mise en scène qui avait provoqué la colère en Israël.
Sept détenus palestiniens alors libérés ont pour leur part été hospitalisés en Cisjordanie occupée "en raison de la brutalité" de leur détention en Israël, selon le Club des prisonniers. "La remise en liberté du nouveau groupe (...) se fera de manière appropriée et sera diffusée en direct", a affirmé vendredi soir le Hamas, protestant que les précédents échanges s'étaient déroulés "d'une manière civilisée".
La trêve, entrée en vigueur après 15 mois de guerre et pour une durée initiale de 42 jours, a déjà permis la libération de 16 otages israéliens contre 765 prisonniers palestiniens. Durant sa première phase, 33 otages et 1.900 détenus doivent être libérés au total.
La suite du cessez-le-feu reste incertaine, les négociations prévues sur la deuxième phase n'ayant toujours pas commencé. Le Hamas a dit vendredi soir s'attendre à ce que ces pourparlers commencent "en début de semaine prochaine".
Les médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - espèrent les entamer "la semaine prochaine à Doha", a de son côté indiqué une source proche des négociations. La deuxième étape de l'accord est censée permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, avant une dernière phase consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier gigantesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.
Sur le sort à plus long terme de la bande de Gaza, un sommet de cinq pays arabes doit se tenir le 20 février à Ryad, pour répondre au plan du président américain Donald Trump - décrié à l'international mais salué par Israël - d'une prise de contrôle du territoire palestinien et du déplacement de sa population en Egypte et Jordanie voisines.