Nouvelle-Calédonie : deux hommes tués par balle par les forces de l'ordre

Deux habitants kanaks la tribu de Saint-Louis ont été abattus, dans la nuit de mercredi à jeudi 29 septembre, au cours d'une opération des forces de l'ordre au sud de Nouméa. Les deux individus, âgés de 29 et 30 ans, faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt. 

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New Caledonia

Image d'illustration, logo de la GIGN. 

© AP/ Ludovic Marin
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Du sang a coulé à nouveau sur l'archipel. Deux hommes ont été tués au cours d'une opération des forces de l'ordre au sud de Nouméa dans la nuit de mercredi à jeudi. Le nombre de morts depuis le début des troubles en Nouvelle-Calédonie s'élève désormais à 13. 

Cette fois, ce sont deux habitants kanaks de la tribu de Saint-Louis, une localité coutumière et bastion indépendantiste située dans la commune du Mont-Doré, âgés de 29 et 30 ans, qui ont été mortellement blessés par les tirs d'un membre du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale). Ces coups de feu ont été tirés alors "que des gendarmes en mission d'observation auraient été directement menacés par (un) groupe d'individus armés", selon le procureur de la République de Nouméa Yves Dupas. Deux enquêtes ont été ouvertes, ajoute dans un communiqué le magistrat. 

Un mandat de recherche

Les deux hommes tués faisaient l'objet d'un mandat de recherches délivré en juillet contre 13 personnes localisées à la tribu de Saint-Louis, a précisé le procureur. Ils sont soupçonnés d'être les auteurs de tirs sur les forces de l'ordre, notamment sous l'autorité de Rock Victorin Wamytan, surnommé "Banane", tué le 10 juillet lors d'un échange de tirs avec les gendarmes. Le duo est également soupçonné d'une cinquantaine de car-jacking à main armée sur la route passant devant la tribu.

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Jeudi matin, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées après avoir appris le premier décès lors de l'opération menée dans la nuit par les gendarmes. Cette mobilisation a donné lieu à un face-à-face tendu, avant que la tension ne retombe. 

Pourquoi vous tuez nos enfants ? On n'a pas d'armes.
Brigitte, jeune habitante de Saint-Louis

Les forces de l'ordre ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes. "On n'est pas des terroristes, on n'est pas en état de guerre", lançait une mère de famille lors de l'opération. "Pourquoi vous tuez nos enfants ? On n'a pas d'armes", criait aussi Brigitte, une jeune habitante de Saint-Louis.

Dans un communiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l'alliance indépendantiste de l'archipel, a déploré un "jeudi noir pour le peuple kanak", accusant l'État français d'une "guerre contre la tribu de Saint-Louis" et d'un "génocide" contre la minorité autochtone calédonienne.
Deux feux de poubelle ou de pneus ont été allumés sur certains axes près de Saint-Louis ou dans la périphérie de Nouméa, selon les correspondants de l'AFP.

Des centaines de personnes blessées

Depuis le 13 mai, début des violences liées à la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral, treize personnes ont été tuées, dont deux gendarmes. Des centaines de personnes ont par ailleurs été blessées et les dégâts matériels ont été estimés à au moins 2,2 milliards d'euros, lors de ces violences d'une ampleur inédite depuis la quasi-guerre civile des années 1980. En quatre mois, la gendarmerie estime avoir essuyé plus de 300 coups de feu.

Si la tension est nettement redescendue depuis mi-juillet, le sud de la Grande Terre (l'île principale de l'archipel) est toujours inaccessible par la route. Les forces de l'ordre ont totalement fermé six kilomètres de route en raison de l'insécurité qui règne au niveau de la tribu de Saint-Louis, passage obligé à une dizaine de kilomètres de Nouméa.

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En raison de la fermeture de la route, les 1.200 personnes habitant à la tribu ne peuvent y accéder qu'à pied et après avoir présenté une pièce d'identité aux gendarmes pour pouvoir passer les "verrous", au nord et au sud. Seuls les services de secours et les ambulances peuvent traverser Saint-Louis.
Ailleurs en Nouvelle-Calédonie, la quasi-totalité des barrages mis en place depuis le 13 mai ont été levés et la circulation a été rétablie partout.

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Le couvre-feu instauré depuis les émeutes reste toutefois en vigueur de 22H00 à 05H00, et va même être aménagé et renforcé de 18H00 à 06H00 à partir du 21 septembre et jusqu'au 24 septembre, date symbolique sur ce territoire du Pacifique. Jour férié sur le "Caillou", le 24 septembre, qui marque la prise de possession de l'archipel par la France en 1853, reste une date sensible en Nouvelle-Calédonie, même si elle a été rebaptisée depuis 2004 "Fête de la Citoyenneté". Cette année, les festivités seront teintées d'amertume. Les restrictions sur les ventes et la consommation d'alcool, le port d'arme à feu ainsi que la vente d'essence ont été prolongées sur l'ensemble du territoire jusqu'au 24 septembre également.