
Emmanuel Macron constate "de nets progrès dans le rétablissement de l'ordre" en Nouvelle-Calédonie, lors d'un Conseil de défense. Il a été décidé de mobiliser "pour un temps" des personnels militaires pour "protéger les bâtiments publics" et soulager ainsi les forces de sécurité intérieure. La situation reste tendue sur le territoire.
Le président français Emmanuel Macron à Prague, en République tchèque, le 5 mars 2024.
Le président de la République "a demandé au gouvernement de continuer à faire preuve de concentration, de vigilance et d'engagement" sur le dossier, ajoute la présidence alors que la Nouvelle-Calédonie est toujours en proie aux blocages.
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Le Conseil de défense a également acté que "toutes les dispositions sont prises pour permettre aux touristes encore présents sur l'archipel de pouvoir rentrer chez eux", alors que la fermeture de l'aéroport a été prolongée jusqu'au 23 et que l'Australie et la Nouvelle-Zélande multiplient les demandes pour pouvoir évacuer leurs ressortissants.
Comment la situation se traduit-elle sur le terrain ?
- Sur le terrain, les résultats du déploiement massif de forces de l'ordre se font attendre, alors que les pénuries se multiplient.
- Le 20 mai au matin, les barrages érigés par des indépendantistes semblaient plus nombreux et plus imposants encore, comme entre les quartiers de Montagne coupée et Montravel à Nouméa, où deux étages de voitures calcinées barrent désormais les rues.
- Des hommes, aux visages dissimulés derrière des foulards et équipés de barres de fer, y occupaient la route.
À l'issue de ce troisième Conseil de défense organisé en moins d'une semaine pour suivre la situation dans l'archipel du Pacifique, l'Elysée n'a en revanche pas évoqué la question de la prolongation possible de l'état d'urgence, en place depuis le 15 mai. En effet, cette situation exceptionnelle ne peut être prolongée au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement, ce qui nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai.
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Un projet de loi était bien "en préparation" en fin de semaine, mais selon le député Sacha Houlié (Renaissance) le gouvernement espérait alors écarter cette option en cas d'amélioration de la situation. Après une semaine d'émeutes en réaction à une réforme du corps électoral décriée localement par les indépendantistes, avec six morts à déplorer dont deux gendarmes, le Premier ministre Gabriel Attal avait averti qu'il restait "encore du chemin avant le retour à la normale" sur le territoire.
De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report du projet de loi constitutionnelle lié à la réforme, qui doit être adopté en Congrès avant fin juin. Quatre présidents d'exécutifs d'outre-mer (la Réunion dans l'océan Indien, les îles antillaises de Guadeloupe et Martinique, la Guyane en Amérique du Sud) réclament même son "retrait immédiat", afin d'"éviter une guerre civile".
Sonia Lagarde, la maire macroniste de Nouméa, a appelé dans le journal Le Monde le président français à surseoir à cette réforme, accusée par les indépendantistes de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak" en élargissant le corps électoral des scrutins provinciaux.