Nouvelle-Calédonie: les indépendantistes "ne reconnaissent pas" les résultats du scrutin

Les indépendantistes en Nouvelle-Calédonie ne reconnaissent ni la "légitimité", ni la "validité" des résultats du scrutin. Ils avaient appelé à ne pas participer au référendum d'autodétermination remporté par les partisans du maintien de l'archipel dans le giron de la France.
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Kanak indépendance Nouvelle-Calédonie

Des sympathisants pro-indépendance font flotter le drapeau Kanak à la sortie d'un bureau de vote à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 4 octobre 2020.

Mathurin Derel/AP
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Les indépendantistes regroupés au sein du Comité stratégique indépendantiste de non participation ont indiqué dans un communiqué qu'ils  "ne reconnaissent pas la légitimité et la validité de ce scrutin qui leur a été confisqué. Ce référendum n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l’accord de Nouméa".

La voie du dialogue a été rompue par l’entêtement d’un gouvernement français incapable de concilier ses intérêts géostratégiques dans le Pacifique et son obligation à décoloniser notre pays. 

Comité stratégique indépendantiste de non participation

Marqué par une abstention record après l'appel des indépendantistes à bouder le scrutin, ce troisième et dernier référendum prévu par les accords de Nouméa en 1998 a été remporté par les pro-France avec 96,49% des voix, contre 3,51% au oui à l'indépendance. Les votes blancs et nuls comptabilisaient 2,99%.

L'ampleur du résultat est à relativiser par une participation (43,90%) en chute libre par rapport aux deux précédents référendums remportés en novembre 2018 et octobre 2020 par les loyalistes avec respectivement 56,7% puis 53,3% des suffrages.

Une fracture géographique


La carte des résultats illustre la permanence des fractures politique, géographique et ethnique: les régions non-indépendantistes et européennes (sud où se trouve Nouméa) ont voté "non" à l'indépendance tandis que les électeurs des zones kanak et indépendantistes sont restés chez eux.

Dans plusieurs communes du nord et des îles Loyauté, la participation n'a pas dépassé les 5%.

Voir aussi : La Nouvelle-Calédonie dit non à l'indépendance

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"La voie du dialogue a été rompue par l’entêtement d’un gouvernement français incapable de concilier ses intérêts géostratégiques dans le Pacifique et son obligation à décoloniser notre pays", assurent-ils.

Pour le parti indépendantiste FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) et les nationalistes, "ce référendum n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l'accord de Nouméa, processus de décolonisation, et pas conforme également aux résolutions de l’ONU qui a inscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser".

Voir aussi : Nouvelle-Calédonie : un référendum légitime ?

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Le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a au contraire estimé que la valeur juridique de ce référendum "est pleine et entière" en dépit de cette très faible participation. Sur la radio française nationale France Inter, il déclarait : "Vous n'avez pas d'obligation de participer à un scrutin" et "il n'y a pas de quorum dans les textes de l'accord de Nouméa".

Même analyse pour le président de la commission de contrôle du scrutin, Francis Lamy, qui a estimé que l'abstention "n'affecte pas la régularité ni la sincérité du scrutin". La commission de contrôle n'a constaté "aucune irrégularité significative", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Nouméa.

Lire aussi : Nouvelle-Calédonie : quels sont les enjeux du référendum du 12 décembre ?

Le FLNKS et les nationalistes avaient déjà prévenu la semaine dernière qu'ils récusaient toute rencontre avec Sébastien Lecornu, arrivé vendredi 10 décembre à Nouméa, avant l'élection présidentielle française en avril 2022.