Emmanuel Macron arrive en Nouvelle-Calédonie jeudi 3 mai pour une visite de trois jours. Un déplacement sensible à 6 mois d'un référendum sur l'indépendance de ce territoire français. Le président va devoir peser ses mots. Pourquoi ? Quel est le statut de l'archipel ? En quoi consiste le référendum d'autodétermination ?
La Nouvelle-Calédonie est un territoire français, situé à 22 000 kilomètres de la métropole, dans l'océan Pacifique. La France a pris possession de l'archipel calédonien en 1853, par la volonté de l'Empereur Napoléon III.
165 ans plus tard, les Calédoniens vont devoir choisir de rester ou non dans le giron de la France. Un référendum d'autodétermination est organisé le 4 novembre 2018, comme prévu par les accords de Matignon (1988) et l'Accord de Nouméa (1998).
Quel statut aujourd'hui ?
La Nouvelle-Calédonie dispose d'une large autonomie par rapport à la France. On parle de "collectivité d’outre mer à statut particulier". Elle dispose d'un gouvernement, élu par le Congrès. Les membres du Congrès sont eux-mêmes élus par les Assemblées des trois provinces, renouvelées tous les cinq ans au suffrage universel direct.
Cette autonomie se caractérise par des transferts de compétences de Paris vers Nouméa. La Nouvelle-Calédonie peut voter ses propres lois dans certains domaines spécifiques : le commerce extérieur, les postes et télécommunications, le droit et l'inspection du travail, la protection sociale, l'enseignement primaire et secondaire, l'exploration et l'exploitation des ressources naturelles ou encore les réseaux routiers.
En quoi consiste le référendum du 4 novembre 2018 ?
La formulation de la question posée le 4 novembre a été choisie à l'issue de longues discussions à Matignon (Paris), le 27 mars dernier :
Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?
Les électeurs autorisés à s'exprimer devront avoir vécu en Nouvelle-Calédonie depuis au moins 20 ans.
Si le "oui" l'emporte, la Nouvelle-Calédonie pourra accéder à la souveraineté mais aucun plan d'action n'a été établi pour y parvenir. Si le camp du "non" gagne, le territoire conservera l'autonomie et les compétences acquises jusqu'à présent.
La neutralité du président ?
Emmanuel Macron arrive en Nouvelle-Caléonie à 6 mois de ce référendum sur l'indépendance. Le chef de l'Etat français tente de ne pas prendre partie et ses conseillers assurent qu'il ne donnera pas sa position sur la question de l'indépendance.
Néanmoins, partisans et opposants de la rupture avec la France ne manquent pas de rappeler les déclarations de celui qui était encore candidat, à deux jours du second tour de la présidentielle, l'année dernière. Emmanuel Macron se disait alors "
convaincu que la présence de la France est nécessaire pour garantir la paix civile et le développement" en Nouvelle-Calédonie.
En signe d'apaisement, le président va rapporter à Nouméa l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Caléonie, signé en septembre 1853 par le contre-amiral Fébvrier-Despointes au nom de Napoléon III. Le document original sera transmis au gouvernement calédonien.
Un dossier sensible ?
Autre dossier sensible : à l'occasion de son déplacement, Emmanuel Macron a choisi de se rendre sur l'île d'Ouvéa. Un choix symbolique qui suscite des réticences 30 ans jour pour jour après le bain de sang de la grotte d'Ouvéa.
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Le 5 mai 1988, ce lieu a été marqué par l'intervention de l'armée contre des indépendantistes kanak. Dans une grotte, ils retenaient en otage depuis 15 jours une quinzaine de gendarmes de l'île. Le bilan de cet assaut est lourd : 19 militants kanak et 2 militaires sont tués.
Pour nombre d'habitants de cette île, la visite d'un président français le jour même de la commémoration de ce drame est malvenue. Certains habitants de l'île ont manifesté contre ce déplacement ce mercredi 2 mai 2018.