











Un projet grandiose. Le président al-Sissi veut faire construire une ville destinée à devenir la nouvelle capitale administrative et financière de l’Egypte. Au bord du canal de Suez, à l’est du Caire, elle s'étendra sur 700 kilomètres carrés, dans une zone actuellement désertique - l’équivalent de douze Manhattan construits dans un délai de sept ans pour un coût estimé à 42,9 milliards d’euros. Il est vrai que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït viennent d'annoncer, au sommet de la Ligue arabe de Charm el-Cheikh, le versement d'une aide de douze milliards de dollars à l’Egypte, principalement en investissements.
La ville, dont on ne connaît pas encore le nom, aura la capacité d’accueillir quelque cinq millions d’habitants. Les institutions officielles comme le Parlement, le palais présidentiel, les ministères et les ambassades étrangères y auront également leur place. Lors de la présentation du projet, le ministre égyptien du Logement, Moustafa Kamal Madbouli, a précisé que la future capitale serait dotée d’un aéroport international et d’un parc d’attractions quatre fois plus grand que Disney en Californie.
Pour justifier une telle réalisation, l’Egypte s’abrite derrière l’explosion démographique du Caire. En 2050, la population de la cité ancestrale aura plus que doublé, passant de 18 à 40 millions d’habitants. La capitale du futur offrira alors de meilleures conditions de vie, grâce à de nombreux parcs et jardins et une circulation automobile limitée. Selon le site web du projet, cette "cité du futur" sera un pôle d’innovation capable de s’adapter aux évolutions des nouvelles technologies.
D’autres chefs d’Etats ont eu par le passé d’autres motivations pour créer des villes, souvent à partir de rien, destinées à devenir leurs capitales.
Noursoultan Nazarbaïev, président de la république du Kazakhstan depuis 25 ans (soit depuis l’indépendance du pays), choisit Astana en 1997 pour remplacer l’ancienne capitale Almaty. De prestigieux architectes ont participé à sa conception, comme Norman Foster (Viaduc de Millau, rénovation du Reichsag) et Kisho Kurokawa (hôtels capsules, Musée d’Art Moderne de Tokyo). En toute modestie, le chef de l’Etat kazakh - deux musées sont érigés à sa gloire dans cette nouvelle capitale - a refusé que la ville soit rebaptisée Noursoultan, laissant le choix aux générations futures. Malgré ses efforts, Astana reste la deuxième ville du pays, derrière Almaty.