
Fil d'Ariane
L’Iran et les États-Unis sont à Rome, samedi 19 avril, pour le deuxième round de pourparlers sur le programme nucléaire de la République islamique. La deuxième phase de discussions intervient une semaine après une première phase qualifiée de "constructive" par les deux pays ennemis.
Sur cette photo publiée par le bureau de la présidence iranienne, le président Masoud Pezeshkian, deuxième à droite, écoute le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohammad Eslami, alors qu'il visite une exposition sur les réalisations nucléaires de l'Iran, à Téhéran, en Iran, le mercredi 9 avril 2025.
Les États-Unis et l'Iran reprennent, samedi 19 avril à Rome, les pourparlers sur le programme nucléaire de Téhéran, une semaine après un premier round qualifié de "constructif" par les deux parties.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l'envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, tiendront ces discussions via une médiation d'Oman, comme lors des précédents pourparlers tenus à Mascate.
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Il s'agit de la deuxième réunion à ce niveau depuis le retrait américain, en 2018 sous la première présidence de Donald Trump, de l'accord international d'encadrement du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions imposées à l'Iran.
Depuis son retour à la Maison Blanche, en janvier, Donald Trump a relancé sa politique de "pression maximale" contre l'Iran, avec lequel les États-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.
Il a appelé en mars la République islamique d'Iran, ennemi juré des États-Unis, à négocier un nouvel accord, en menaçant dans le même temps de la bombarder en cas d'échec de la diplomatie.
M. Trump a toutefois affirmé jeudi qu'il n'était "pas pressé" d'utiliser l'option militaire. "Je pense que l'Iran veut discuter."
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À la veille des discussions de Rome, M. Araghchi a fait part de ses "sérieux doutes" quant aux intentions des États-Unis. Mais "nous participerons malgré tout aux négociations de demain (samedi)."
Tout en saluant les pourparlers, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est dit sceptique sur leur issue.
Les pays occidentaux et Israël, également un ennemi de l'Iran, soupçonnent la République islamique de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Elle rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.
Dans un entretien au journal français Le Monde publié mercredi, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.
Après le retrait américain de l'accord de 2015, et le rétablissement de sanctions américaines, Téhéran a pris ses distances avec le texte.
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Le pays enrichit de l'uranium jusqu'à 60%, bien au-dessus du plafond de 3,67% qui lui a été fixé, restant toutefois en deçà du seuil des 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, selon l'AIEA.
Accentuant la pression, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a appelé les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" internationales à l'encontre de l'Iran, car il "ne respecte clairement pas l'accord actuel".
M. Grossi, qui s'est entretenu avec des responsables iraniens cette semaine à Téhéran, a relevé que le temps était compté pour trouver un accord. "Nous sommes à un stade crucial de ces importantes négociations."
L'Iran insiste pour que les pourparlers se limitent au programme nucléaire et à la levée des sanctions, et considère en outre comme une "ligne rouge" l'arrêt de toutes ses activités nucléaires.
M. Araghchi a encore mis en garde vendredi les États-Unis contre "des demandes déraisonnables et irréalistes", après que M. Witkoff a réclamé en début de semaine un démantèlement total du programme nucléaire.
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Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont eux exclu toute discussion sur les capacités militaires et la défense du pays, dont le programme balistique inquiète à l'international.
L'influence régionale de l'Iran figure aussi parmi "les lignes rouges" du pays, selon l'agence de presse officielle Irna.
Téhéran soutient dans la région ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance", une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen, et des milices chiites en Irak.
Après le lancement des pourparlers irano-américains, Israël a réaffirmé sa détermination à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, disant disposer d'un "plan d'action" pour ce faire.