Fil d'Ariane
Les pays signataires de l'accord international qui vise à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique sont inquiets. Dans une allocution extrêmement virulente à l'encontre du régime iranien qualifié de "dictatorial", le président américin a précisé qu'il ne "certifierait" pas le fait que Téhéran respecte ses engagements, en dépit des assurances en ce sens de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
L'Iran fait l'objet du régime de vérification nucléaire le plus solide au monde.
Yukiya Amano, patron de l'AIEA
S'il a prononcé un réquisitoire enflammé contre ce texte emblématique, "le pire" jamais négocié par les Etats-Unis, le président américain a assuré que son pays ne s'en retirerait pas pour l'instant. Reste que son discours a suscité une forte réaction de Téhéran. Les Etats-Unis sont "plus seuls que jamais contre le peuple iranien", a lancé le président iranien Hassan Rohani.
Moscou a dénoncé la stratégie de Donald Trump, très isolé sur ce dossier. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a mis en garde contre la tentation de "démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses". L'accord avec l'Iran, a-t-elle tweeté, est un "pilier de la non-prolifération. Il émane de la communauté internationale et lui appartient. Aucun pays ne peut le dénoncer de sa seule initiative" :
"#IranDeal pillar of non-proliferation. It delivers and belongs to international community. No single country can terminate it" @FedericaMog pic.twitter.com/2bCX9YhNbP
— EU External Action (@eu_eeas) 13 octobre 2017
A contre-courant des signataires de l'accord, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l'a félicité pour sa "décision courageuse". L'Arabie saoudite, monarchie sunnite qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué une "stratégie ferme".
Dans un communiqué diplomatique, mais ferme, la Première ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont souligné qu'ils restaient "engagés" dans l'accord, appelant à sa "pleine application par toutes les parties". Le président français est allé jusqu'à s'entretenir avec l'Iranien Rohani au téléphone, pour l'assurer de "l'attachement de la France" à l'accord de 2015 et "envisager" de se rendre à Téhéran.
Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, s'est néanmoins voulu rassurant. "Je m'attends à ce que nos alliés et amis en Europe et dans la région soutiennent fermement nos efforts pour faire face aux menaces iraniennes", a-t-il dit. "Quel est le sens d'un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire" de l'Iran "pour une courte période ?", s'est interrogé Donald Trump, qui souhaite en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles certaines restrictions au programme nucléaire pourraient être levées progressivement après 2025.
Il a également annoncé de nouvelles sanctions contre les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, accusés d'avoir "détourné de vastes parts de l'économie" pour "financer la guerre et le terrorisme à l'étranger". Et, dans la soirée, le milliardaire a estimé dans un tweet que "les participants à l'accord sont en train de se faire beaucoup d'argent en commerçant avec l'Iran".
Many people talking, with much agreement, on my Iran speech today. Participants in the deal are making lots of money on trade with Iran!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 14 octobre 2017
Cette non-certification place le Congrès américain en première ligne. Reste que la majorité républicaine ne semblait pas prête à réimposer des sanctions et donc à endosser la responsabilité de saborder cet accord. Une solution, concoctée par deux sénateurs républicains en coordination étroite avec la Maison Blanche, consisterait à voter une loi créant un nouveau seuil de déclenchement de sanctions contre l'Iran. Une sorte de mise à jour, unilatérale, du "JCPOA" (acronyme anglais de l'accord).
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Si Téhéran et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, la fin de l'administration de Barack Obama avait marqué le début d'une évolution. Le président démocrate avait jugé que l'accord donnait "une chance d'aller dans une nouvelle direction". Mais depuis son installation à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a donné un net coup de barre. Il n'a eu de cesse de durcir le ton face à Téhéran.
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Cette annonce s'ajoute à la longue liste des accords que les Etats-Unis ont quitté - ou menacé de quitte - ces derniers mois : partenariat transpacifique (TPP), accord de Paris sur le climat, accord de libre-échange nord-américain (Aléna). Et, depuis jeudi, l'organisation onusienne Unesco, qui vient de se doter d'une nouvelle directrice générale.