Nucléaire iranien : après les "progrès", l'heure d'un accord ?

Les négociations sur le nucléaire iranien reprennent, mardi 8 février, à Vienne, avec l'objectif affiché par l'ensemble des protagonistes de conclure un accord au plus vite. Selon une source proche des discussions , "les délégations sont de retour" dans la capitale autrichienne. Elles sont attendues, mardi 8 février, en début d'après-midi au palais Cobourg, l’hôtel de luxe où se déroulent les pourparlers. 
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Reprise des discussions sur le nucléaire iranien
Le Palais Coburg, où se sont déroulées les négociations à huis clos concernant le nucléaire iranien, à Vienne, en Autriche, le vendredi 17 décembre 2021. Les pourparlers reprennent dans l'hôtel de luxe à compter du mardi 8 février. 
 
Michael Gruber (AP)
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La veille, Washington, qui ne participe pas directement aux pourparlers, n'a pas caché son impatience.

"Malgré les progrès", les pourparlers "sont parvenus à un stade où une conclusion devient urgente, a ainsi prévenu un porte-parole du département d'Etat américain, interrogé par l'AFP. Un accord qui réponde aux préoccupations-clés de toutes les parties est en vue, mais s'il n'est pas conclu dans les prochaines semaines, les avancées nucléaires de l'Iran rendront impossible notre retour". Sous-entendu, le retour américain dans le texte ratifié en 2015 et dont les Etats-Unis sont sortis durant l’ère de Donald Trump.

De son côté, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a également mis la pression sur la partie iranienne. "Nous avons adressé un message clair" à l'Iran: "c'est l'heure des décisions, pas de faire traîner le processus [...] Nous espérons qu'ils saisiront cette chance."
 
Fin janvier dernier, les négociateurs s'étaient quittés en appelant à des "décisions politiques" après les "progrès" réalisés au cours du mois. Ceux-ci avaient permis de sortir d'une longue impasse.

Les discussions, débutées au printemps 2021, réunissent les Iraniens et les parties restantes à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie). Les Américains y participent de manière indirecte.

(Re)voir : L'accord sur le nucléaire iranien peut-il être sauvé ?
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L’objectif d’un "retour mutuel" dans l’accord

Les Etats-Unis se sont retirés, en 2018, de ce texte conclu trois ans plus tôt pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. Président d’alors, Donald Trump le jugeait insuffisant.
 
Dans la foulée, ils ont rétabli les sanctions économiques à l’égard du pays. En riposte, la République islamique s'est affranchie des restrictions-clés à son programme nucléaire, placé sous surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Cette nouvelle étape des négociations vise à mettre en œuvre un "retour mutuel" de Washington et Téhéran dans l'accord, défendu par l'actuel président américain Joe Biden.

Pour accélérer le processus, les Etats-Unis avaient souhaité de nouveau la semaine dernière un dialogue "direct" pour parvenir à un compromis dans cette "dernière ligne droite".

"Nous soutenons depuis longtemps que ce serait plus productif", a souligné, lundi 7 février, le porte-parole de la diplomatie américaine. "Toutefois les pourparlers vont demeurer indirects, à la demande de l'Iran", a-t-il regretté.

(Re)voir : Nucléaire iranien : "Un scénario favorable serait un retour coordonné dans l'accord"
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Un document de vingt pages sur la table

La Russie a estimé, pour sa part, qu'il s'agissait de la "dernière étape" des négociations. "Nous sommes à cinq minutes de la ligne d'arrivée", a affirmé son négociateur, Mikhaïl Oulianov, dans un entretien publié la veille par le quotidien russe Kommersant.

Selon lui, un "projet de document final" de vingt pages a été mis au point et peut servir de "base" pour "conclure assez rapidement" les discussions, même si "plusieurs points" doivent encore être débloqués.

De son côté, Téhéran a insisté de nouveau sur la priorité qui doit être la suppression des sanctions asphyxiant l'économie du pays.

"L'ordre du jour été précisément défini. Un accord dans lequel les sanctions qui forment la pression maximale ne sont pas levées (...) ne peut pas être la base d'un bon accord", a souligné, sur Twitter, Ali Chamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, plus haute instance politique, militaire et sécuritaire du pays.

Si Washington persiste à acculer Téhéran, "le chemin des négociations ne sera pas aisé", a-t-il insisté mardi.

Dans le cas contraire, un accord est possible rapidement, a fait savoir la diplomatie iranienne à plusieurs reprises, tout en refusant d'être tenue par des échéances artificielles. 

Retour des dérogations-clés

Vendredi, Washington avait fait un geste en annonçant le rétablissement des dérogations-clés protégeant de la menace des sanctions américaines les pays et entreprises étrangères impliqués dans des projets nucléaires civils non militaires.

Selon les experts, les Iraniens ont tellement dérogé aux restrictions prévues par l'accord de 2015 qu'ils ne sont plus qu'à quelques semaines de disposer de suffisamment de matière fissile pour fabriquer une arme atomique. 

L'élaboration d'une bombe, une intention qu'a toujours niée la République islamique, requiert toutefois de nombreuses autres étapes.