Nucléaire iranien : nouveau rapport de l'AIE, propositions américaines et riposte de Téhéran

L'Iran ripostera si les pays européens "exploitent" à des fins politiques un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon lequel le pays a accéléré sa production d'uranium hautement enrichi, a mis en garde Téhéran, dimanche 1er juin 2025 .

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Iran

Vue satellite du réacteur nucléaire de Bushehr en Iran. 

Planet Labs PBC via AP
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Le pays a encore accéléré son rythme de production d'uranium hautement enrichi, selon un rapport confidentiel de l'AIEA divulgué, samedi 31 mai 2025, et jugé "politique" par l'Iran.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres d'un accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu avec la République islamique en 2015, et dont les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

L'AIEA tiendra du 9 au 13 juin à Vienne (Autriche) un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Une quantité d'uranium, 45 fois supérieure à la limite autorisée

Paris, Londres et Berlin ont menacé ces dernières semaines d'enclencher un mécanisme prévu dans l'accord de 2015 qui permet le rétablissement de sanctions onusiennes si l'Iran ne respecte pas ses engagements. "L'Iran répondra à toute action inappropriée des parties européennes", a déclaré son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi lors d'un appel avec le patron de l'AIEA Rafael Grossi.

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Abbas Araghchi a appelé l'AIEA à empêcher "certaines parties d'exploiter" le rapport "pour faire avancer leurs objectifs politiques" contre l'Iran, selon des propos rapportés par la diplomatie iranienne. Israël, ennemi juré du pays, est clairement visé. 

Selon le rapport de l'AIEA, la quantité totale d'uranium enrichi de l'Iran dépasse désormais de 45 fois la limite autorisée par l'accord de 2015 et s'élève à 9247,6 kg. Le gendarme onusien du nucléaire note une nette hausse de l'uranium enrichi à 60%, seuil se rapprochant des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, d'après un bilan d'étape consulté par l'AFP.

Une proposition acceptable

Ce rapport a été divulgué alors que Washington et Téhéran mènent des discussions depuis plusieurs semaines pour tenter de trouver un nouvel accord. Samedi 31 mai, l'Iran a dit avoir reçu des "éléments" d'une proposition américaine à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d'Oman et a affirmé, sur X par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu'il y répondra de manière appropriée.

La proposition américaine faite à l'Iran est "acceptable" et dans le "meilleur intérêt" de Téhéran, selon la Maison Blanche, citée par les médias américains. Elle est décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet d'accord complet par le quotidien américain New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques.

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La proposition appelle l'Iran à cesser tout enrichissement d'uranium et propose la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire, qui inclurait l'Iran, l'Arabie saoudite et d'autres États arabes ainsi que les États-Unis. Ni l'Iran ni les États-Unis n'ont commenté ces affirmations.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran se défend d'avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire civil notamment pour l'énergie, en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

Le pays est toutefois le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015, selon l'AIEA.