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Un site du nord de la Suisse, non loin de la frontière allemande, a été choisi pour le stockage de ses déchets radioactifs, qui seront profondément enfouis dans le sol, ont annoncé samedi les autorités helvétiques.
Après avoir cherché pendant près de 50 ans le meilleur moyen de les entreposer, ce pays se prépare à son "projet du siècle", consistant à disposer le combustible nucléaire usé "en couches géologiques profondes" dans de l'argile.
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La région des Lägern qui a finalement été retenue à l'issue d'"enquêtes approfondies" pour ce dépôt était le "plus sûr" des trois sites qu'elle avait envisagés -les deux autres se trouvaient dans le Weinland zurichois et dans le Jura Est en Argovie -, a déclaré à l'AFP par courriel Felix Glauser, le porte-parole de la Coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra).
La Nagra a directement informé la population locale et devrait présenter lundi sa proposition au gouvernement suisse, selon l'agence de presse suisse Keystone-ATS.
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Ce dernier ne devrait toutefois pas prendre de décision définitive à ce sujet avant 2029 et il est peu probable qu'il ait le dernier mot, car la question sera probablement soumise à un référendum dans le cadre du système suisse de démocratie directe, après avoir été discutée au Parlement fédéral.
Mais la localisation du futur projet, dans la région des Lägern, est situé à 15 kilomètres de la frontière avec l'Allemagne, près de la région du Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest du pays.
Or, le sujet du nucléaire est très sensible dans le pays, qui a décidé de renoncer à cette énergie en 2011, après la catastrophe de Fukushima, au Japon. La question stockage des déchets soulève régulièrement des débats et a été dans le passé l'objet de nombreuses manifestations d'opposants.
Le chancelier Olaf Scholz a dit lundi 12 septembre vouloir "discuter" avec le gouvernement suisse d'un projet de stockage de déchets radioactifs à la frontière avec l'Allemagne, dévoilé par Berne et qui inquiète Berlin.
"Nous devrons en discuter avec tous les responsables et avec le gouvernement suisse", a-t-il indiqué à l'occasion d'une conférence de presse à Berlin.
"La nouvelle vient de nous arriver", a-t-il ajouté, précisant que le projet n'était pas encore "formellement" transmis aux autorités allemandes.
L'emplacement choisi par la Suisse "pèsera lourdement sur les collectivités du côté allemand", a affirmé de son côté un porte-parole du ministère de l'Environnement.
Des contacts ont été pris en vue de "compensations financières" pour les municipalités allemandes concernées, a-t-il ajouté.
Les centrales nucléaires suisses produisent des déchets radioactifs depuis plus d'un demi-siècle.
Mais après la catastrophe de 2011 à la centrale japonaise de Fukushima, la Suisse a décidé de progressivement sortir du nucléaire, ses réacteurs pouvant continuer à fonctionner tant qu'ils restent sûrs.
Pour l'instant, les déchets sont stockés dans un "dépôt intermédiaire" à Wurenlingen, à une quinzaine de kilomètres de la frontière allemande.
Avec ce nouveau projet, la Suisse espère rejoindre le club très fermé des pays capables de réaliser le stockage en couches géologiques profondes.
Jusqu'à présent, seule la Finlande s'est dotée un tel site, dans le granit, et la Suède a donné son feu vert en janvier à la mise en place de ses propres installations destinées à l'enfouissement de combustible nucléaire usé, également dans le granit.
La France prévoit comme la Suisse d'en entreposer dans de l'argile.
(Re)lire : Transition énergétique : la France peut-elle se passer de nucléaire ?En Suisse, il faudra enfouir 83.000 mètres cubes de déchets radioactifs, dont certains hautement radioactifs, pour des dizaines ou des centaines de milliers d'années, jusqu'à ce qu'ils se désintègrent pour devenir inoffensifs.
Ce volume correspond à une durée d'exploitation de 60 ans des centrales nucléaires de Beznau, Gosgen et Leibstadt et aux 47 années d'exploitation de celle de Muhleberg avant sa fermeture en 2019.
La construction du site devrait commencer en 2045 et son remplissage en déchets nucléaires vers 2050. S'ensuivraient alors plusieurs décennies de surveillance étroite et il serait scellé au XXIIe siècle, en 2115.
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