Que représente le mouvement citoyen "Nuit debout", en 2016, dans une France qui doute d'elle-même et de ses institutions ? Est-il révélateur d’un système politique en crise ? Quel est son avenir ? Eléments de réponse avec Manuel Cervera-Marzal.
Manuel Cervera-Marzal, docteur en Science politique, sociologue et philosophe, travaille sur les mouvements sociaux, le militantisme et l'évolution des démocraties. Il a écrit plusieurs ouvrages, notamment Désobéir en démocratie, en 2013 et La Gauche et l'oubli de la question démocratique en 2014. Récemment, il a publié Pour un suicide des intellectuels aux éditions Textuel.
Manuel Cervera-Marzal observe attentivement le mouvement citoyen "Nuit Debout" depuis ses débuts, le 31 mars, et a même pris la parole parmi les manifestants.
Que représente "Nuit debout" alors que le mouvement n’a ni de figure pour l'incarner, ni de véritable objectif, mis à part le retrait de la Loi El Khomry, pour le moment ? Une alliance avec la CGT est-elle envisageable ? Comment le pouvoir politique appréhende-t-il "Nuit debout" ? Le mouvement peut-il soutenir une personnalité comme Jean-Luc Mélenchon ? L’universitaire tente de répondre à ces interrogations.
En Espagne, le mouvement des Indignés en 2011 a abouti à la création de "Podemos", en janvier 2014, avec des intellectuels, des universitaires, des syndicalistes... un peu comme ceux que l'on retrouve place de la République à Paris. Quelques mois plus tard, le parti espagnol faisait 20% des voix aux législatives. "Nuit debout" est-il comparable à "Podemos" ? Ou est-il sans avenir ?