Nuit debout à Paris : entre policiers et terrasses bondées

Le mouvement dure depuis deux semaines déjà, et les participants continuent de refaire le monde, même en journée, malgré une forte présence policière. Mais cette occupation a-t-elle un impact sur la fréquentation de la place de la République ? Ambiance.
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Il est 14h30 et le mouvement Nuit debout entame son 13e jour, place de la République à Paris.
©A.Revert/TV5MONDE
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La Nuit debout, la journée aussi. Il est 14h30 et les passants vaquent à leurs occupations, les skateurs pratiquent la planche. A proximité de la statue de la République, ils sont une centaine à s’être regroupés, principalement des jeunes, pour écouter les intervenants et débattre. Un rituel. Depuis le début du mouvement, le 31 mars, la Nuit debout est bien rôdée, ses codes aussi. Cet après-midi là, on discute dans le calme de l’histoire de l’islam et des relations entre l’Europe et la Turquie.
 
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Des camions de police stationnés entre les stations de métro Temple et République, le 12 avril 2016.
Quelques nuages noirs laissent présager une averse, mais les camions de police garés en file indienne entre la station de métro Temple et la place de la République s’en feraient presque plus menaçants. Sur la place, les policiers sont une trentaine, parés de leur "armure", à encadrer la petite foule. Ils se tiennent prêts à intervenir au moindre pétard qui claquerait, à la première tentative de monter une tonnelle.
 
Lundi 11 avril, la préfecture a délivré une nouvelle autorisation au mouvement. Nuit debout peut ainsi se poursuivre, mais à une condition : ne pas remonter de structures. Mais, pas d’excès de zèle des forces de l’ordre pour autant. Elles discutent aisément avec les badauds. « On est ici pour sécuriser la place de la République et faire respecter l’interdiction des structures en dur. Mais la manifestation est autorisée », confie un policier. Quant à savoir pourquoi ils sont si nombreux, ce mardi 12 avril, sa réponse est plus évasive « c’est vrai qu’on est beaucoup aujourd’hui, mais ça ne sera sûrement pas comme ça tout le temps ». C'est ce que confirme la préfecture de Police de Paris à Libération, qui justifie cette présence par les « débordements du week-end ».

Préserver le quartier

La maire de Paris, Anne Hidalgo, condamne dans un communiqué « les dégradations infligées à plusieurs commerces environnants ainsi qu’au mobilier urbain » lors des débordements des jours précédents. Dans la nuit du 9 au 10 avril, des distributeurs d’agences bancaires ont été saccagés et une voiture autolib incendiée à proximité de la place de la République. Elle ajoute que le quartier et ses riverains doivent être préservés, ainsi que les commerçants qui doivent « également pouvoir y poursuivre leurs activités ».
 
Interrogés, les commerçants de la place de la République déclarent ne pas ressentir les conséquences de la manifestation Nuit debout sur leurs magasins. « Peut-être parce qu’on ferme à 19 heures et qu’il y a plus de participants le soir » confesse l’employée d’une boutique pour enfant.
 
« On n’a pas plus de clients, mais on a plus de problèmes », admet le serveur d’un café de la rue du faubourg du Temple, attenante à la place de la République. Le mouvement Nuit debout, qui rassemble pourtant des centaines, voire des milliers, de personnes chaque soir depuis treize jours, n’attire pas plus de clients dans les nombreux bars et restaurants du quartier. Pas moins non plus. Les « problèmes » évoqués par le garçon arrivent à la nuit tombée. La fréquentation des toilettes par des gens qui, souvent, « ont un peu trop bu » a considérablement augmenté. Le constat est partagé par un restaurateur de la place de la République dont la terrasse est plutôt fournie pour un après-midi de semaine.

Vers 17h30, l'Assemblée générale se met doucement en place. Les nuages ont disparu, laissant place à un ciel azur. Tout le monde sur la place est invité, s'il le souhaite, à rejoindre la commission "économie" afin de poursuivre les débats. Ils sont désormais quelques centaines, et les policiers sont moins visibles dans la foule. Les terrasses alentour se remplissent à vue d'oeil. Une nouvelle nuit peut commencer.

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Nuit debout : ambiance à République en milieu d'après-midi, le 12 avril 2016.
©A. Revert/TV5MONDE