En ce qui concerne Barack Obama, à part le projet
Feed the Future, il n’a pas de vrais projets économiques pour
le Sénégal. Les Etats-Unis résonnent plutôt en terme de bloc, c’est le Golfe de Guinée dans son ensemble qui les intéresse. Si le Nigéria ou le Ghana les attirent plus, il faut quand même nuancer. Les investissement américains dans toute l’Afrique ne représentaient en 2011 que 40 milliards de dollars, quand la Chine débloquait, elle, près de 120 milliards de dollars. Au Sénégal, cela a notamment servi à construire 11 stades de football, et cela sans contreparties. C’est aussi cela la différence entre les Chinois et les Occidentaux. Les Chinois investissent sans rien demander en retour. Pas de rapports, de bilans, ou même de conditions de prêt, comme cela a pu être le cas avec la politique d’aide au développement de Bush. Tous les grands médias internationaux seront présents à Dakar. Et le Sénégal apparaît comme le bon élève de la région en terme de démocratie. Tout de même, les Sénégalais ont-ils une part d’ombre à cacher au président des États-Unis ? Quand le président de la première puissance du monde, le « commandant in chief », vient vous rendre visite, et que le Sénégal est par conséquent pendant 48 heures au centre du monde, quelque part, on n’échappera pas au discours officiel. Oui, le Sénégal est et reste un beau pays, un exemple de démocratie pour tous les autres pays de la sous-région, notamment ceux en proie à la montée de l’intégrisme religieux. C’est une réalité que l’on ne peut pas nier. Il faut vendre la destination Sénégal aux investisseurs privés, montrer que le pays est fiable, la preuve, les Américains viennent y négocier une paix dans toute la région. En revanche, en ce qui concerne la démocratie dans le pays, elle est certes mature (liberté d’expression et de presse bien affirmée) mais pas parfaite. Par exemple, il n’y a pas de vraie séparation des pouvoirs au Sénégal. Le législatif et le judiciaire sont véritablement inféodés à l’exécutif. Sous le régime de l’ancien président Abdoulaye Wade, le président de l’Assemblé Nationale avait un mandat de cinq ans. En raison d’un conflit entre Wade et Macky Sall, à l’époque président de cette Assemblée Nationale, le premier a réduit le mandat du second à un an. Désormais, Macky Sall président de la République, se garde bien de changer cette loi car le président de l’Assemblée Nationale actuel n’est pas de son camp politique. Or, il avait bien promis de supprimer cette loi lors de la campagne présidentielle l’année dernière. Dans cet exemple, le législatif est clairement inféodé à l’exécutif, il n’a pas de marge de manœuvre pour contester l’attitude du président. Nous verrons en juillet prochain, lors de la nomination d’un nouveau président de l’Assemblée Nationale, si Sall retourne sa veste et applique ses promesses de campagne…