Fil d'Ariane
Plutôt discret depuis son départ de la Maison Blanche, en janvier 2017, l'ancien président américain sort pour la première fois de sa réserve, accusant son successeur de "capitaliser sur la peur". Jusqu'à présent, il avait pourtant évité de s'attaquer nommément à Donald Trump.
Ce mois de septembre commence décidément très mal pour Donald Trump. Après les extraits du livre au vitriol de Bob Woodward sur les débuts de sa présidence, après la tribune d'un haut responsable de son administration dans le New York Times, le 45e président des Etats-Unis est maintenant attaqué par son prédécesseur, Barack Obama.
L'ancien président démocrate, qui s'exprimait depuis l'Illinois, l'Etat qu'il représentait au Sénat avant son élection à la Maison-Blanche, semble avoir ôté les gants pour entrer de plain-pied dans la campagne des législatives de mi-mandat. Et sa lecture de l'ère Trump, son successeur, est sans concession : "Qu'est-il arrivé au parti républicain ? Le principe central de sa politique étrangère était la lutte contre le communisme, et maintenant ils copinent avec un ancien patron du KGB ? Ils bloquent les lois qui auraient protégé nos élections d'une attaque russe ? Que s'est-il passé ?"
Pour Barack Obama, Donald Trump n'est que le "symptôme" d'une crise profonde et dangereuse, une forme de désaffection pour la politique qui menace ses fondements même. "La plus grande menace pour notre démocratie n'est pas Donald Trump (...), c'est l'indifférence, le cynisme", a-t-il lancé.
Ce tableau sévère vient ponctuer une semaine politique catastrophique pour Donald Trump. Qualifié d'"inculte"par Bob Woodward, et en permanence contourné par son équipe qui tente d'éviter le pire, le président a dû faire face aux révélations d'un conseiller anonyme dans le New York Times, qui explique qu'une résistance s'est mise en place au sein de la Maison Blanche. À cela s'ajoute la condamnation pour mensonge d'un de ses conseillers, Georges Papadopoulos, dans l'enquête sur une possible collusion entre Moscou et l'équipe de campagne du candidat républicain.
Fidèle à lui-même, Donald Trump, lui, décoche ses flèches droit devant : "Quand on m'a demandé ce que j'avais pensé du discours d'Obama, j'ai répondu oui, j'ai regardé, mais malheureusement je me suis endormi." A deux mois des élections de mi-mandat, prévues le 6 novembre - elles portent sur les 435 sièges de la Chambre des représentants, un tiers de ceux du Sénat et les postes de gouverneur dans 36 Etats - les sondages prédisent une "vague bleue" (démocrate). Aujourd'hui aux commandes du Congrès, les républicains redoutent de perdre la Chambre des représentants, même si les résultats économiques de Donald Trump jouent en leur faveur.
Dans le même temps, l'ex-président Obama, qui a jusqu'ici consacré l'essentiel de son temps à la rédaction de ses mémoires et à la mise en place de sa fondation à Chicago, s'apprête à retrouver le chemin des estrades de campagne.