Fil d'Ariane
La Russie prend la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, ce 1er avril, et ce pour un mois. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov présidera à New York une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU ce mois-ci. Kiev et Washington ont exprimé leur désaccord. Pour le chef de la diplomatie ukrainienne, c'est "une gifle au visage de la communauté internationale".
A partir de samedi 1er avril, la Russie prend la tête de l'organe exécutif des Nations unies et ce pour un mois, succédant au Mozambique.
Le Conseil de sécurité se compose de 15 membres, dont cinq membres permanents : Chine, États-Unis d'Amérique, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni, et 10 membres élus par l'Assemblée générale pour un mandat de deux ans. Les membres permanents ont un droit de veto lors des votes.
La présidence du Conseil est assurée par chacun des Membres à tour de rôle pendant un mois, suivant l'ordre alphabétique anglais des noms des États Membres, précise le site des Nations unies.
L'Ukraine avait qualifié jeudi 30 mars la future présidence russe du Conseil de sécurité de l'ONU le 1er avril de "mauvaise blague". "La Russie a usurpé son siège; elle mène une guerre coloniale ; son président est un criminel de guerre recherché par la CPI pour enlèvement d'enfants", a fustigé sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.
(Re)lire : Les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU devront_ils justifier leur droit de veto ?
A l'ONU, la Russie dit de son côté faire face à "l'Occident collectif", qui l'a mise au ban des nations mondiales depuis le lancement de son "opération militaire spéciale" en Ukraine en février 2022. Le compte Twitter de la représentation permanente russe à l'ONU publie l'ordre du jour de la séance du 3 avril, avec l'adoption du programme de travail et une conférence de presse de l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia. Tout porte à croire que la Russie compte profiter de sa présidence pour défendre ses intérêts avec en toile de fond sa situation dans la guerre en Ukraine.
Dans une interview à l'agence de presse d'Etat russe TASS le 31 mars, l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia annonce un débat le 10 avril sur le thème des risques liés aux violations des accords règlementant les exportations d'armes et de produits militaires. "Ce sujet est extrêmement pertinent", assure-t-il. Et ce dernier d'accuser "de nombreux autres exportateurs de défense [...] ignorant ouvertement leur propre législation nationale, ainsi que les accords internationaux visant à empêcher que des armes ne tombent entre de mauvaises mains".
La Russie prévoit aussi une réunion informelle "sur les enfants évacués de la zone de guerre du Donbass et de l'Ukraine et dissiper les faux récits diffusés par les médias occidentaux sur les prétendus « enlèvements » d'enfants de L'Ukraine et les tentatives de "détruire leur identité".
Nous nous attendons également à ce qu'ils cherchent également des occasions pour faire progresser leur campagne de désinformation contre l'Ukraine, les Etats-Unis et tous nos alliés
Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice américaine à l'ONU
"Un autre événement clé de la présidence russe sera le débat public de haut niveau du Conseil (de sécurité) sur +Un multilatéralisme efficace à travers la défense des principes de la Charte des Nations unies+. Cette réunion sera présidée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov", a déclaré à la presse sa porte-parole, Maria Zakharova.
Elle a indiqué que M. Lavrov comptait également présider une session de débats sur le Moyen-Orient le 25 avril.
La dernière visite de M. Lavrov aux Nations unies à New York remonte à septembre dernier, lors de l'Assemblée générale.
L'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield a estimé jeudi 30 mars que la Russie "ne devrait pas être" membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
"La Russie est membre permanent du Conseil de sécurité. Elle ne devrait pas l'être en raison de ce qu'elle fait en Ukraine, mais la charte (des Nations Unies) ne permet pas de modifier son statut de membre permanent", a déploré Linda Thomas-Greenfield, lors d'un entretien, depuis le Costa Rica où elle participait à un Sommet de la démocratie.
Le siège de membre permanent de la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies est hérité de celui de l'URSS dont la Russie est l'Etat successeur.
Guerre en Ukraine : la Russie peut-elle être exclue de l'ONU ?
L'ambassadrice américaine a souligné qu'elle attend de la Russie qu'elle se comporte "de manière professionnelle" à la présidence, tout en émettant des doutes.
"Nous nous attendons également à ce qu'ils cherchent également des occasions pour faire progresser leur campagne de désinformation contre l'Ukraine, les Etats-Unis et tous nos alliés", a déclaré l'ambassadrice de Washington.
"A chaque occasion, nous ferons part de nos préoccupations concernant les agissements de la Russie", a-t-elle ajouté, réitérant la condamnation par Washington des "crimes de guerre et des violations des droits de l'homme qu'ils commettent" en Ukraine.
Linda Thomas-Greenfield a souligné que les Etats-Unis condamneraient les actions de la Russie et feraient savoir au monde entier "ce que fait la Russie et les conséquences de ses actions contre l'Ukraine".
Les Etats-Unis prendront à leur tour la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies au 1er août 2023.