Pakistan : 101 morts dans un attentat contre une mosquée à Peshawar

Une attaque suicide dans la mosquée du quartier général de la police de Peshawar a fait 101 morts et blessé plus de 150 ce 30 janvier. L'explosion a provoqué l'écroulement du toit sur les fidèles à une heure où le lieu de culte était très fréquenté. Le bilan risque d'augmenter.
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Attentat suicide dans une mosquée à Peshawar 47 morts
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Secouristes et officiels rassemblés dans la mosquée du quartier général de la police de Peshawar frappée par une attentat suicide qui a fait au moins 61 morts et environ 150 blessés ce 30 janvier 2023.
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À la recherche de corps devant la mosquée du quartier général de la police à Peshawar
© AP Photo/Zubair Khan
À la recherche de corps devant la mosquée du quartier général de la police à Peshawar, après un attentat suicide qui a fait au moins 61 morts et plus de 150 blessés ce 30 jnvier 2023.
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L'explosion s'est produite à l'heure de la prière, au moment où la mosquée est la plus fréquentée. Selon le chef de la police de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan, 300 à 400 personnes sont habituellement présentes à ce moment là et "beaucoup de policiers sont ensevelis sous les débris". Le bilan devrait donc encore s'alourdir. La plus part des victimes sont des policiers.

Il n'est pas encore clair comment le kamikaze a pu s'introduire dans l'immeuble entouré de murs dans lequel se trouve le quartier général de la police de Peshawar. Il se situe dans l'une des zones les mieux surveillées de la ville qui abrite aussi les locaux de différentes agences de renseignement.

23 suspects arrêtés

Le 1er février, la police pakistanaise a arrêté 23 suspects indique un responsable qui a requis l'anonymat. "Nous avons arrêté des gens du (quartier général) de la police pour creuser la question de savoir comment le matériel explosif a pu être introduit à l'intérieur et si des policiers ont été impliqués dans l'attaque", a précisé ce responsable.
"L'auteur (de l'attentat) et les facilitateurs peuvent avoir eu des liens à l'extérieur du Pakistan", selon lui.

Parmi les 23 personnes interpellées, certaines sont de Peshawar et d'autres des anciennes zones tribales frontalières de l'Afghanistan, situées dans la région de Peshawar.

La police enquête sur la question de savoir comment une faille majeure dans la sécurité a pu se produire dans l'un des complexes les plus strictement surveillés de la ville, le quartier général de la police abritant notamment les services de renseignement et de contre-terrorisme.

D'après Associated Press Sarbakaf Mohmand, un commandant des talibans pakistanais, a revendiqué l'attaque sur Twitter. Le principal porte-parole du groupe militant n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter.

La capitale et le reste du pays, notamment à la frontière avec l'Afghanistan, ont été placés sous alerte sécurité encore accrue. À Islamabad, des tireurs d'élite ont été positionnés sur certains bâtiments et aux points d'entrée de la ville.

"Les terroristes veulent créer la panique en ciblant ceux qui remplissent leur devoir consistant à défendre le Pakistan", a déclaré dans un communiqué le Premier ministre, Shehbaz Sharif. "Ceux qui combattent le Pakistan seront éliminés de la surface de la Terre."

Selon la police, le kamikaze était un ressortissant afghan installé au Pakistan avec sa famille depuis plusieurs années, qui avait préparé l'attentat en Afghanistan.

Une opération de secours a immédiatement été lancée pour dégager les personnes prises au piège des décombres, le toit et un mur de l'édifice s'étant affaissés sous le souffle de l'explosion.

Les cris des victimes

Un journaliste de l'AFP a vu des blessés ensanglantés sortir du bâtiment endommagé et les corps de personnes apparemment décédées être emmenés dans des ambulances.

Selon la police, l'explosion est survenue au deuxième rang des fidèles assemblés pour la prière. Des équipes de déminage étaient sur place pour examiner la possibilité qu'elle ait été causée par un attentat suicide.

Shahid Ali, un policier de 47 ans qui a survécu à l'explosion, a expliqué à l'AFP que la détonation est survenue quelques secondes après que l'imam eut commencé la prière.
"J'ai vu une fumée noire s'élever dans le ciel. J'ai couru dehors pour sauver ma vie", a-t-il raconté. "Les cris des gens résonnent encore dans ma tête. Ils hurlaient en demandant de l'aide."

Cet incident a eu lieu le jour même où le président des Émirats arabes unis, Mohamed ben Zayed Al Nahyan, devait effectuer une visite officielle à Islamabad. Celle-ci a été annulée au dernier moment ce lundi, officiellement en raison de la météo pluvieuse.
Le Pakistan doit aussi recevoir le 31 janvier la visite d'une délégation du Fonds monétaire international (FMI), pour tenter de négocier le déblocage d'une aide financière vitale pour son économie à l'agonie.

Les forces de sécurité visées

Peshawar a été ravagée par des attentats quasi-quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s'y était grandement améliorée ces dernières années. Ces derniers mois, la ville a surtout connu des attaques ciblées visant d'abord les forces de sécurité.

En mars 2022, un attentat suicide revendiqué par l'EI-K, la branche régionale du groupe djihadiste État islamique (EI), dans une mosquée chiite de Peshawar avait fait 64 morts. Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis 2018.

Lire : Pakistan : tensions et attentats sur fond de campagne électorale

Le Pakistan est confronté depuis quelques mois, en particulier depuis la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan en août 2021, à une détérioration de la sécurité.

Après plusieurs années d'un calme relatif, les attentats ont repris de plus belle, menés par les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), l'EI-K ou des groupes séparatistes baloutches.

L'Afghanistan comme base arrière

Le Pakistan reproche aux talibans de laisser ces groupes utiliser le sol afghan pour planifier leurs attaques, ce que Kaboul n'a cessé de nier.

Le TTP, un mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques ces derniers mois.

Une de ses pires atrocités, qui a durablement marqué la conscience nationale pakistanaise, fut le massacre d'environ 150 personnes, essentiellement des élèves, à Peshawar en décembre 2014.