Fil d'Ariane
Des heurts entre les forces de sécurité et des milliers de partisans de l’ex-Premier ministre, Imran Khan, ont explosé à Islamabad au Pakistan. Mardi 26 novembre, quatre paramilitaires ont été tués dans ces affrontements.
Des policiers prennent position pour tirer des grenades lacrymogènes afin de disperser les partisans du parti Pakistan Tehreek-e-Insaf de l'ancien premier ministre emprisonné Imran Khan, lors d'affrontements à Islamabad, au Pakistan, mardi 26 novembre 2024.
Quatre paramilitaires ont été tués, mardi 26 novembre, au Pakistan dans des heurts entre les forces de sécurité déployées en masse à Islamabad et des milliers de partisans de l'ex-Premier ministre, Imran Khan, entrés tôt dans la capitale pour réclamer la libération de leur champion.
La foule progresse vers D-Chowk, la place où les manifestants entendent mettre la pression sur les autorités qui siègent dans le quartier adjacent, afin d'obtenir la libération de leur champion, actuellement emprisonné et poursuivi dans une centaine d'affaires.
Plusieurs ministres ont annoncé la mort des quatre paramilitaires, renversés selon eux par des manifestants à bord d'un véhicule. Lundi soir, la police avait rapporté le décès d'un de ses officiers, tué à l'extérieur d'Islamabad, lorsque les manifestants marchaient vers la capitale.
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Galvanisés par Bushra Bibi, l'épouse tout juste sortie de prison de l'ancienne star du cricket de 72 ans, des milliers d'entre eux sont entrés dans Islamabad. Non sans mal : ils ont dû déplacer les centaines de containers installés pour barrer les routes. Puis, à intervalles réguliers, ils ont essuyé des salves de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc des cordons de policiers et de paramilitaires postés à intervalles réguliers.
Les manifestants, eux, répliquent par d'autres grenades lacrymogènes, des jets de pierre et de bâtons. Ils ne sont plus désormais qu'à quelques kilomètres de D-Chowk, coeur politique du cinquième pays le plus peuplé au monde où le Premier ministre Shehbaz Sharif accueille au même moment en grandes pompes le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
Depuis dimanche, "plus de 20.000 membres des forces de sécurité ont été déployés", selon la police d'Islamabad. Le ministre de l'Intérieur Mohsin Naqvi, lui, a été clair en visitant à plusieurs reprises dans la nuit D-Chowk : "Ceux qui viendront ici seront arrêtés".
Washington a "exhorté" les autorités à "respecter les droits humains", tout en appelant les manifestants à être "pacifiques".
Si toute la nuit les médias locaux ont évoqué des tentatives de négociations entre le pouvoir et le Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de M. Khan, rares sont ceux qui imaginent une désescalade dans le calme. Car les deux camps font monter depuis des jours la tension autour de ce que le PTI présente comme "son dernier acte".
Les autorités vivent dans une mentalité de siège, un état dans lequel elles se voient toujours en danger et vivent dans la peur permanente d'être renversées.
Maleeha Lodhi, ex-diplomate pakistanaise.
L'appel à manifester avait été lancé pour dimanche. Alors, le cortège du PTI s'était mis en branle depuis les provinces limitrophes de la capitale, le Pendjab à l'est, où Imran a longtemps vécu, et le Khyber-Pakhtunkhwa, fief du PTI, à l'ouest.
Dès le début de la semaine, Islamabad avait déclenché l'"article 144" qui interdit tout rassemblement de plus de quatre personnes, pour deux mois. Le Pendjab, où vivent plus de la moitié des Pakistanais, lui a emboîté le pas samedi, pour trois jours.
"Les autorités vivent dans une mentalité de siège, un état dans lequel elles se voient toujours en danger et vivent dans la peur permanente d'être renversées", accuse dans une tribune Maleeha Lodhi, ex-diplomate pakistanaise.
Dawn, le quotidien de référence en anglais, lui, "se demande si la police d'Islamabad se prépare à une guerre" avec des centaines de containers disséminés en travers des rues.
"Islamabad va une fois de plus se transformer en ‘Containeristan’. Est-ce vraiment nécessaire?", poursuit Dawn.
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Les écoles d'Islamabad restent fermées et l'État martèle que "le réseau internet mobile et le wi-fi seront coupés" partout où il verra "un danger". Depuis dimanche, aucun quartier n'a échappé à ces coupures.
La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés du pays, dénonce des blocages qui "pénalisent les citoyens ordinaires, en particulier les travailleurs journaliers dont le revenu dépend de la liberté de mouvement".
Les pro-Khan, eux, balaient invariablement les menaces d'un revers de la main.
"Nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour lui et nous irons à D-Chowk", lance à l'AFPTV Kalat Khan, 56 ans, qui se présente comme "un soldat d'Imran Khan".
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"Nous resterons là-bas jusqu'à ce qu'Imran Khan soit libéré", renchérit Raïs Khan, 36 ans.
Le chef du gouvernement du Khyber-Pakhtunkhwa, Ali Amin Gandapur, ne cesse de narguer les autorités : "Vous pouvez nous tirer dessus, nous bombarder et bloquer les routes avec vos containers. Si ça dégénère, vous serez responsables".
M. Khan, au pouvoir de 2018 à 2022, est actuellement poursuivi dans une centaine d'affaires concernant des manifestations violentes de ses partisans.
En juillet, un panel d'experts de l'ONU avait réclamé sa libération, jugeant sa détention "arbitraire".