Pakistan : l’ancien Premier ministre Imran Khan en rémission après une tentative d’assassinat

L'ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan se remettait vendredi à l'hôpital d'une blessure par balle au lendemain d'une tentative d'assassinat. Ses partisans promettant de maintenir sa "longue marche" vers Islamabad destinée à fragiliser le gouvernement en vue des prochaines élections.

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Le Premier ministre du Pakistan Imran Khan se rend à une parade militaire donnée à l'occasion de la fête nationale. Islamabad, 23 mars 2022. 
AP/Anjum Naveed
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L'attaque perpétrée jeudi 3 novembre contre son convoi - apparemment menée par un seul homme armé - a fait un mort et au moins dix blessés. Lui, en est ressorti blessé par balle, accentuant encore la tension dans un pays plongé dans une profonde crise politique depuis que Imran Khan a été évincé du pouvoir en avril.

L'ancienne star du cricket serait "dans un état stable et se portait bien" dans un hôpital de Lahore (Est), a indiqué vendredi matin à l'AFP son médecin Faisal Sultan.

Une "tentative de le tuer, de l'assassiner"

À 70 ans, l’ancien chef du gouvernement pakistanais a lancé vendredi une "longue marche". Parmi ses soutiens, plusieurs milliers de personnes y ont pris part, entre Lahore et la capitale Islamabad. Les manifestants souhaitent obtenir la tenue d'élections anticipées, première étape dans sa reconquête espérée du pouvoir.

Pendant cette mobilisation d’ampleur, un individu a tiré en rafale avec un pistolet automatique vers le sommet d'un conteneur posé sur un camion, d'où M. Khan avait l'habitude de s'adresser à la foule depuis le début de la marche. Il s'agissait d'une "tentative de le tuer, de l'assassiner", a affirmé à l'AFP l'un des proches conseillers de Khan, Raoof Hasan. L’homme politique a été touché par au moins une balle à la jambe droite. La tentative d'assassinat a eu lieu alors que ce véhicule fendait lentement la large foule rassemblée à Wazirabad, à environ 170 km à l'est de la capitale. 

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"Tous ceux qui étaient debout au premier rang ont été touchés" lors de cette attaque, a déclaré à l'AFP Fawad Chaudhry, ancien ministre de l'Information du gouvernement Khan, derrière lequel il se tenait. Plusieurs officiels de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), figurent parmi les blessés. Le PTI a accusé le gouvernement d'être derrière cette attaque, ce que celui-ci a fermement nié.

Un suspect revendique l’attaque dans une vidéo 

Vendredi matin, le camion de M. Khan est devenu une scène de crime. Le périmètre est bouclé et gardé par des commandos, pendant que la police scientifique passe les lieux au crible. Pendant la nuit, des milliers de partisans de M. Khan se sont rassemblés sur place, beaucoup brandissant des banderoles aux slogans politisés.

La ministre de l'Information, Marriyum Aurangzeb, a annoncé jeudi qu'un assaillant avait été appréhendé, et partagé une vidéo circulant en ligne dans laquelle il justifie son acte. "Je l'ai fait parce que (Khan) trompait le public. J'ai essayé de le tuer, j'ai fait de mon mieux", explique l'homme aux cheveux ébouriffés, les mains attachées dans le dos, à l'intérieur de ce qui semble être un poste de police. Il ajoute avoir été mis en colère par le vacarme émanant du cortège au moment de l'appel à la prière.

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L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan durant une allocution publique. Islamabad, Pakistan - 23 avril 2022.
AP/Rahmat Gul

Largement soutenu par le peuple pakistanais

Malgré son éviction, Imran Khan bénéficie d'un large soutien de la population. Depuis avril, il a organisé de vastes rassemblements dans tout le pays - attirant des dizaines de milliers de partisans - pour faire pression sur la fragile coalition au pouvoir .Il continue d'affirmer que sa chute a été le fruit d'une "conspiration" ourdie par les Etats-Unis, et critique sans répit le gouvernement de son successeur, Shehbaz Sharif, ainsi que l'institution militaire.

Fawad Chaudhry a précisé que les responsables du PTI se réuniraient vendredi pour discuter de la stratégie à tenir concernant la "longue marche", tout en promettant qu'elle allait se poursuivre. "La longue marche pour la vraie liberté continuera et le mouvement en faveur des droits du peuple aussi jusqu'à ce qu'il y ait une annonce sur les élections", a-t-il tweeté.

Depuis son renversement par une motion de censure en avril, Imran Khan n'a cessé d'exiger la tenue immédiate d'élections, misant sur sa popularité intacte pour obtenir un second mandat. Le gouvernement en place préfère attendre la date butoir d'octobre 2023, pour se donner le temps de remettre l'économie sur les rails et en faire un argument de campagne.

Un pays historiquement marqué par les assassinats politiques 

Plusieurs assassinats politiques ont émaillé l'histoire récente du pays. Le Pakistan est par ailleurs aux prises depuis des décennies avec des mouvements islamistes violents contestant l'influence du pouvoir central.

Cette attaque fait notamment ressurgir le souvenir de l'attentat qui avait coûté la vie en 2007 à Benazir Bhutto, la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Les commanditaires de son assassinat n'ont jamais été identifiés. Des coups de feu avaient été tirés et un kamikaze s'était fait exploser près de son véhicule alors qu'elle saluait ses partisans à Rawalpindi. Elle était revenue au Pakistan quelques semaines plus tôt pour participer aux élections, après plusieurs années d'exil.

Imran Khan était arrivé au pouvoir en 2018, après la victoire aux législatives du PTI, sur une plateforme populiste mêlant promesses de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption. Mais sous son mandat, la situation économique s'est dégradée et il a perdu l'appui de l'armée, qui était accusée d'avoir contribué à le faire élire. Ces derniers mois, il s'est plusieurs fois déclaré prêt à mourir pour son pays, et son entourage a souvent fait état de menaces à son encontre.