Quelles mesures concrètes pour répondre à cette question ?
Trois mesures concrètes devraient fournir à l’administration les moyens de lutter sérieusement contre les paradis fiscaux et l’utilisation abusive du secret bancaire pour dissimuler l’évasion fiscale et les sources de revenus illicites.
- Le reporting pays par pays
Le système de
reporting oblige toutes les banques à dévoiler leurs activités, leur chiffre d’affaires, leurs effectifs, leurs résultats, les impôts payés dans tous les pays où elles opèrent, des îles Caïmans à l’Allemagne. Jusqu’à présent, le rapport annuel de la BNP Paribas, par exemple, ne mentionne absolument rien sur la création de sociétés offshore révélée par les "offshore leaks", et à plus forte raison sur les capitaux gérés, les effectifs employés et les impôts payés en Suisse ou ailleurs. Hier encore, nous n’avions même pas accès à la liste de leurs succursales, filiales et joint ventures. Aujourd’hui, la notion de reporting est intégrée par les institutions européennes et inscrite parmi les projets de loi de la réforme bancaire en France.
- L’échange automatique d’informations
L'échange systématique entre les administrations fiscales des Etats de l’Union européenne et de leurs partenaires, dont la Suisse, est désormais presque acquis. Sans qu’on le lui demande, l’adminisration belge, par exemple, fournira de façon complète, automatique et précise, les coordonnées de tous les comptes détenus par des sociétés ou des investisseurs français, ainsi que le montant et la nature de tous les avoirs placés sur son territoire. Ce régime existe déjà depuis 2005 en vertu de la
directive européenne sur l’épargne entre 25 des 27 pays de l’Union. Elle est actuellement en cours de renégociation pour intégrer le Luxembourg et l’Autriche, les deux seuls pays qui font de la résistance, et à ses frontières, la Suisse. De leur côté, les Etats-Unis viennent de mettre en vigueur le
FATCA. Dorénavant, toutes les banques du monde doivent déclarer les comptes détenus chez elles par des résidents américains, ainsi que les transactions réalisées à partir de ces comptes. Lorsqu’il fonctionneront pleinement entre l’Union européenne et les Etats-Unis, ces échanges automatiques de données bancaires permettront d’améliorer la transparence qui donnera au FISC et aux douanes les moyens de lutter contre la fraude fiscale.
- La pression sur les sociétés écran et les paradis fiscaux
Il ne s’agit pas d’interdire les
sociétés écran, mais de leur imposer la même chose qu’aux sociétés commerciales de tous les pays du monde : un registre du commerce indiquant l’identité de leurs actionnaires, gestionnaires et bénéficiaires. Tel est l’objectif affiché par le G20 depuis 2008.
Reste à définir des sanctions. Si les îles Caïmans refusent aux Etats étrangers avec lesquels ils sont en relation d’entrer dans l’échange automatique des données ou de dévoiler les noms de ses gestionnaires, la conséquence doit être claire et simple : l’inscription sur la liste des
Etats non coopératifs de l’OCDE. Résultat : une opération réalisée par un Français ou un Canadien dans un Etat non coopératif pourrait être taxée au taux maximum, ou l’Etat pourrait demander à ses banques de fermer toutes leurs installations ou de cesser toute opération avec un pays non coopératif.