Fil d'Ariane
De nos jours, elles sont plutôt rares, ces initiatives généreuses qui permettent à chacun de mieux comprendre et de communier ses émotions. Il convient donc de saluer le Festival international du film de l'environnement. Inlassablement, année après année, cet événement audiovisuel offre aux spectateurs d'Île-de-France un panorama unique sur l'état de notre bonne vieille Terre.
Bien sur, hélas, on ne le sait que trop, notre planète est maltraitée, souillée, défigurée. Mais elle recèle aussi des trésors parfaitement insoupçonnés qu'il convient de préserver. Notre avenir en dépend. Elle génère de nobles combats. Et ses défenseurs, ses chevaliers verts, se saisissent parfois d'une caméra pour témoigner.
Ces hommes et femmes viennent du monde entier. Ni talibans, ni "talibios", ils observent et enregistrent les images qui s'offrent à eux, des images tantôt désolantes, tantôt gorgées de vie. Leur travail donne parfois un documentaire qui représente comme une échographie sur l'état du monde. L'état du bébé reste préoccupant.
Myriam Gast est responsable de la programmation du Festival. Avec Vania Marty, les deux jeunes femmes reçoivent les milliers de films. Myriam les sélectionne. Un travail harassant, passionnant et qui, vraiment, force l'admiration. Il lui faut trouver chaque année le meilleur, le plus fort, le plus "FIFE". Myriam, femme passionnée, entière et loyale, écoute d'abord battre son coeur. En cas de doute, il y a Vania. La sélection, cependant, est impitoyable. Il ne s'agit pas de se faire plaisir. Il s'agit d'être originale et pertinente. La qualité du Festival en dépend.
Alors, de visionnages en visionnages, de journées noires en nuits blanches et de piscines de thés en fontaine de cafés, certaines oeuvres se détachent enfin. Elles ont souvent la force de l'évidence.
A quelques heures du lever de rideau, Myriam se confie.
- Y aura-t-il, selon vous, un effet COP21 sur le Festival ?
On l'espère. Le succès du film Demain (César 2016 du meilleur film documentaire, ndlr) a rappelé l'importance que peuvent avoir les films sur la prise de conscience et aussi sur la façon dont on peut être amené, par les films, à agir directement. Il y a eu la COP21 qui a montré le lien entre la société civile, les politiques et les industriels et puis le succès de Demain à la suite, dans la foulée, a aussi rappelé le fait que le public s'empare de ces thèmes et à envie de comprendre.
Cette programmation, 33ème du nom, vous l'avez vue évoluer. Y a-t-il des thèmes qui resurgissent ou qui sont plus prenants que d'autres par rapport aux autres années ?
Cette année, c'est très clair, c'est vraiment un festival de l'exploration. On a sans doute le plus beau en ce qui concerne les images de la nature avec Ouragan, le film d'ouverture et avec la rétrospective Disneynature. Nous avons aussi des films qui vont explorer les tréfonds de la terre, qui se passent dans les mines, sur les ressources. Nous avons des films qui évoquent les hauts plateaux chiliens etc. C'est un festival qui rappelle à quel point l'exploration est possible dans tous les sens du terme, qu'elle soit géopolitique, sociologique ou humaine.
En terme de fréquentation, c'est un festival qui va crescendo ?
Nous allons plutôt crescendo. Il y a aussi une partie de notre public qui est un public scolaire. Nous sommes plutôt dans une "montagne ascendante". Les gens ont compris que derrière le mot environnement, on parle de développement durable, de société, de consommation, donc, en fait, on parle du quotidien et pas seulement de choses lointaines !
Le Fife en Île-de-France.
A noter que toutes les séances sont gratuites :