Fil d'Ariane
La "pauvrophobie", ou discrimination pour précarité sociale, va-t-elle s'imposer dans le vocabulaire courant? C'est l'objectif de l'association ATD Quart Monde, dont la mobilisation a contribué à la promulgation, en juin, d'une loi reconnaissant cette forme de discrimination.
Annoncé lundi à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, ce mot résulte d'une consultation sur les réseaux sociaux lancée il y a quelques mois par l'association, avec le hashtag #UnNomPourDireNon.
Pauvrophobie ? Comment nommer la discrimination pour précarité sociale ? par @ATDQM https://t.co/9v0Z9wqHGT pic.twitter.com/i4nJzdsmAt
— Alain Gavand (@alaingavand) 15 octobre 2016
Les internautes ont choisi "pauvrophobie" plutôt que cinq autres propositions, précise l'organisation dans un communiqué: classisme, paupérophobie, pauvrisme, ptochophobie et misérophobie.
"Ce néologisme permettra de rendre visible la discrimination pour précarité sociale de même que les mots racisme, homophobie et xénophobie qualifient des discriminations reconnues et inacceptables", c'est en tout cas le souhait affiché par l'ONG. L'objectif final est de le faire entrer dans le dictionnaire.
ATD Quart monde s'est battue pendant des années pour l'inscription de cette discrimination dans le code pénal. Elle avait réalisé des "testings" montrant que les très pauvres pouvaient être discriminés dans l'accès à l'emploi ou aux soins de santé.
Elle a obtenu gain de cause avec la loi du 24 juin 2016 "visant à lutter contre la discrimination à raison de la précarité sociale". Cette loi modifie le code pénal et le code du travail pour reconnaître la discrimination du fait "de la particulière vulnérabilité résultant de la situation économique, apparente ou connue de l'auteur".
La Journée Mondiale du Refus de la Misère est célébrée chaque 17 Octobre. Née de l’initiative du père Joseph Wresinski et de celle de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui se sont rassemblées sur le Parvis des Droits de l’Homme à Paris en 1987, cette journée est officiellement reconnue par les Nations Unies depuis 1992.
A l'occasion de cette journée, ATD Quart Monde lance un nouvel outil pour combattre en direct sur Twitter les idées reçues sur les pauvres et la pauvreté.
“Les pauvres ne paient pas d’impôts”; “S’ils sont à la rue, c’est qu’ils l’ont choisi”.
"Les pauvres sont régulièrement traités “d’assistés” et, en période de campagne présidentielle, nous nous attendons malheureusement à ce que cette stigmatisation continue à polluer les débats", peut-on lire sur le site de l'organisation qui lance donc @ZorroCliches, sorte de "factchecking" permettant de répondre en direct par de l’information factuelle.
Citez @ZorroCliches dans votre tweet pour m'interroger sur des idées reçues sur les pauvres et la pauvreté, je vous réponds vrai ou faux !
— Zorro Clichés (@ZorroCliches) 11 octobre 2016
Selon les derniers chiffres de l'Insee, 8,8 millions de personnes, soit 14,1% de la population française, vivaient sous le seul de pauvreté monétaire de 1.008 euros par mois en 2014.