TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Partager

Pédocriminalité : la France n'extradera pas un prêtre français accusé d'agressions sexuelles sur des Inuits.

Une délégation d'Inuits avait fait le déplacement jusqu'à Paris pour "implorer" la France d'extrader l'ancien prêtre Johannes Rivoire accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans les années 1960. Leur demande a été déboutée par le ministère français de la Justice.
Le ministère de la Justice a sans surprise expliqué à une délégation d'Inuits venue en France qu'elle refusait l'extradition, demandée par le Canada, d'un prêtre français, a-t-on appri sce 13 septembre auprès de la Chancellerie. Ils étaient venus à Paris appuyer cette demande.

(RE)lire : Pédocriminalité : une délégation inuit du Canada demande l’extradition d'un ancien prêtre français

Joannes Rivoire, 92 ans, qui réside à Lyon, mais a aussi la nationalité canadienne, est visé par une demande d'extradition déposée début août par Ottawa. Il est accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans les années 1960 lors qu'il était en mission dans le Grand Nord canadien, accusations qu'il conteste.

"Il a été rappelé que, conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n'extrade pas ses nationaux", a affirmé à l'AFP la Chancellerie à l'issue de la rencontre avec la conseillère diplomatie du ministre Eric Dupond-Moretti. "Néanmoins, en étroite relation avec le Canada, la France a demandé tous les éléments permettant d'établir les faits et d'interrompre le délai de prescription de l'action publique", a-t-on ajouté.

La Chancellerie souligne que "la France se tient prête à répondre à toute demande d'entraide judiciaire que lui formulerait le Canada ou, le cas échéant, à agir dans le cadre d'une dénonciation des faits qui lui serait formulée, sous réserve néanmoins d'examiner l'éventuelle prescription des faits""Pour qu'une information judiciaire soit ouverte en France, il faut que les autorités judiciaires canadiennes dénoncent les faits, ce qui n'est pas le cas à ce stade", a par ailleurs indiqué une source proche du dossier.

Jusqu'ici le prêtre, qui a quitté le Canada en 1993 après 33 ans de terrain, n'a jamais été inquiété. Après un premier mandat d'arrêt entre 1998 et 2017 pour agressions sexuelles sur trois mineurs, il fait l'objet d'un second mandat d'arrêt au Canada depuis février, après le dépôt d'une nouvelle plainte en septembre 2021 pour une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans.

La délégation a également été reçue par la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (qui représente 450 instituts ou congrégations) Véronique Margron et l'adjoint du responsable des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), congrégation dont fait partie Joannes Rivoire.

Lors de cette entrevue, les Inuits "ont demandé (aux OMI) de renvoyer de l'état religieux Joannes Rivoire", a relaté Mme Margron à l'AFP. Pour sa part, elle a indiqué avoir proposé que soit créée une "commission d'historiens" permettant d'établir les "fonctionnements et dysfonctionnements" qui ont pu avoir lieu au sein des Oblats, de recueillir tous les documents possibles (archives, etc), ce "en lien étroit" ou "avec l'aval de la communauté inuite".

Le 14 septembre la délégation inuite rencontre au siège de la congrégation à Lyon le responsable des OMI.

Joannes Rivoire, "pour le moment accepte de voir la délégation", selon Véronique Margron.