Fil d'Ariane
Le 20 juillet, le président de la république Emmanuel Macron parle au téléphone à la sortie d'une table ronde à un sommet européen à Bruxelles.
C'est une affaire qu'on pourrait croire sortie d'un film. Le président Macron a-t-il été ou était-il sur le point d'être espionné par une puissance étrangère? Tout laisse à croire que oui.
Le réseau de journalistes Forbidden Stories a révélé mardi 20 juillet, que des centaines de numéros de journalistes, de défenseurs des droits humains mais aussi de personnalités politiques françaises de premier rang, dont celui de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, figurent "dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage".
Voir aussi : Projet Pegasus : un scandale mondial d'espionnage
Le numéro d'Emmanuel Macron concerné serait celui qui a "fuité" lors des Macronleaks, qui avait vu 20 000 courriers électroniques liés à la campagne du futur président de la République à l'époque se retrouver sur Internet, lors de l'élection présidentielle de 2017.
« Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse » a réagi la présidence. Toutefois, le chef d’Etat a-t-il été suffisamment précautionneux en choisissant de ne pas systématiquement utiliser des lignes ultra-sécurisées?
« Même si on est censés mettre nos téléphones dans une boîte avant le Conseil des ministres, où lorsqu’on a rendez-vous dans le bureau du président, on reste très vulnérables » a rapporté une source à Radiofrance. « Vous savez, les décisions essentielles ne se prennent pas en Conseil des ministres mais bien lors d’échanges entre le président et ses conseillers, sur la messagerie Telegram. » Un autre raconte : « C’est peut-être par fainéantise qu’on ne fait pas assez attention, mais aussi parce qu’on se surestime et qu’on se dit que personne n’oserait pirater le téléphone du chef de l'État français !»
« Pegasus » répond d’une technologie NSO, conçue et commercialisée par l'entreprise israélienne «NSO Group », qui reste très complexe. Ce logiciel espion pour iOS et Android a pour particularité de permettre la collecte d’informations sur des appareils téléphoniques infectés par celui-ci, tout en masquant sa présence afin de se dérober à la détection.
Voir aussi : Cybersurveillance : le logiciel Pegasus à nouveau mis en cause
Si le royaume chérifien conteste son implication dans cette affaire d’espionnage, Franck DeCloquement, expert-praticien en intelligence économique et stratégique, aime à rappeler que : «L’espionnage est une pratique millénaire qui ne cessera naturellement jamais entre Etats alliés, ou ennemis. »
« Croire l’inverse est une posture totalement naïve et puérile. N’oublions pas que ce type d’action clandestines à travers l’usage qui semble avoir été fait de "Pegasus" n’est que "de la petite bière", selon l’expression consacrée, par rapport aux affaires d’espionnage global et colossales des centrales américaines en charge de la sécurité nationale des Etats Unis. »