Plus de malades… ailleurs qu'en Europe
Cette hausse des ventes de Lévothyrox en France représente un peu plus d'1,8 million de boites et correspondrait potentiellement aux traitements de 150 000 nouvelles personnes. Rien de très sensible. L'usine allemande a déjà eu à faire face à des augmentations de la sorte, et Merck justifie surtout son problème actuel par "
des lignes de production qui doivent s'adapter aux tensions du marché". En clair, la demande chinoise, par exemple, passe à certains moments au premier plan, ralentissant ou stoppant d'autres chaînes, comme la française. La responsable de la communication de Merck exprime son embarras sur le sujet : "
il est difficile de ne pas produire et fournir les traitements à des patients de certains pays plus que d'autres, la difficulté actuelle est d'arriver à satisfaire tout le monde".
La santé se mondialise, et pour le professeur Aurando, chef de service du département de médecine nucléaire au Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, "
les dépistages des nodules, cancers de la thyroïde se sont beaucoup améliorés, on peut penser que dans des pays émergents comme la Chine, ils sont aujourd'hui arrivés au stade où nous étions il y a 15 ans. C'est à cette époque que nous avons commencé à généraliser les tests, que l'on s'est rendu compte que dans de nombreux baby-blues (dépression féminine post-accouchement, ndlr), l'hypothyroïdie était en cause, comme des gens subissant de très grosses fatigues."
La pénurie de Lévothyrox© en France réside donc dans un manque d'adaptation industrielle d'un laboratoire international qui n'a pas su prévenir l'émergence d'une nouvelle demande de son médicament phare et dont il a le monopole. Effet pervers de la mondialisation des échanges et de la concentration de secteurs d'activités aux mains de firmes géantes ?
Oui : avec pour effet positif, de nombreux malades de pays en voie de développement mieux soignés, et tout un chacun peut s'en réjouir. Sauf si c'est au détriment d'autres malades…