“People, Hell & Angels“, le nouvel album d'inédits de Jimi Hendrix vaut-il le coup ?

Plus de 40 ans après sa mort, Jimi Hendrix continue de fasciner. Le 5 mars sort "People, Hell & Angels", un nouvel album de titres vendus comme inédits du guitariste mort à 27 ans. Disque collector pour les fans ou simple mine d'or pour les ayants droits ? 
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“People, Hell & Angels“, le nouvel album d'inédits de Jimi Hendrix vaut-il le coup ?
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Si Jimi Hendrix est mort prématurément à 27 ans, ses affaires continuent de prospérer. "Si on compte les albums, les lives, les pirates, on arrive bien à 800 albums sortis depuis sa mort en 1970 !" déclare Yazid Manou, le spécialiste français de Jimi Hendrix - qui animera ce lundi 4 mars une émission spéciale sur FIP.
"People, Hell & Angels" est le dernier né des albums posthumes de l'icône rock. Le précédent, Valleys of Neptune, sorti en 2010, s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires dans le monde - dont près de 40 000 en France. "Jimi Hendrix a une histoire particulière avec la France. Les premiers concerts donnés avec The Experience c'était en France, en première partie de Johnny Halliday" explique Yazid Manou.
Les albums posthumes, un business juteux 
À la mort de Jimi Hendrix le 18 septembre 1970, c'est son manager Michael Jeffery qui fut chargé de gérer son héritage discographique, ce jusqu'à sa mort en 1973. Entre 1974 et 1995, c'est le producteur Alan Douglas qui a repris les rênes. Après un procès retentissant, la famille d'Hendrix récupère les droits. Depuis 1997, c'est sa soeur adoptive Janie Hendrix qui gère Experience Hendrix LLC. 
Aux manettes des albums posthumes depuis 16 ans donc, on trouve le trio composé de sa soeur, de son biographe John McDermott et de son ingénieur du son Eddie Kramer : "Il fallait faire un peu le ménage car plus personne ne s'y retrouvait avec tout ce qui était sorti" reconnaît Yazid Manou. 
Mais si ce n'est pas le premier album posthume d'Hendrix, ce devrait être le dernier "d’inédits en studio" selon l'entretien donné par Eddie Kramer à Libération : "Il y a encore des versions techniquement exploitables, mais elles n’ont pas le niveau de qualité que nous essayons de maintenir. Ce n’est pas facile de décider de laisser dormir des enregistrements, dont certains ne sont «pas mal», mais «pas mal» ne suffit pas. En revanche, nous avons deux albums publics en projet, deux concerts filmés et enregistrés avec des archives d’excellente qualité." 
Selon Yazid Manou, "Avec Elvis Presley, Bob Marley, Kurt Cobain ou encore John Lennon, Jimi Hendrix est un des morts qui rapporte le plus. On dit qu'il vaut plus de 100 millions de dollars." 
"Un son impeccable"
"People, Hell & Angels" ce sont 12 titres vendus donc comme "inédits", enregistrés en 1968 et 1969 par Jimi Hendrix. Il joue ici non pas avec ses complices de The Experience mais avec des amis musiciens. 
"Il y a seulement deux titres inédits : Let me move you - on ne savait même pas que cette chanson existait - et Modjo Man, dont quelques fans avaient entendus 90 secondes mais pas plus." détaille Yazid Manou "Les autres titres sont certes des versions inédites, mais inconnues du grand public. Par exemple, Somewhere était sur un album qui a été retiré du marché peu après sa sortie."
Alors, le disque vaut-il le coup ? Un grand oui pour Yazid Manou : "Le son est impeccable, on a l'impression qu'il a été enregistré hier ! la musique d'Hendrix ne vieillit pas et ça sonne d'enfer." 
Pour d'autres, c'est la déception : "On trouvera deux ou trois perles qui sortiront du lot [dans l'album]. D'après moi, ces titres seront Somewhere[à écouter ci-dessus], Mojo Man et Easy Blues. Le reste sera qualifié de remplissage et ne servira qu’à compléter l'album, le rendant ainsi, digne d’être vendu." écrit Charles Gauthier sur Le Plus du Nouvel Obs.
Mais tous deux tombent d'accord sur une chose : pour découvrir Hendrix, mieux vaut se plonger dans les albums sortis de son vivant plutôt que dans les disques sortis après sa disparition.
Mystère autour du tournage du biopic
Au printemps dernier débutait en Irlande le tournage d'un film sur la vie de Jimi Hendrix, avec André 3000 d'Outkast dans le rôle titre. A l'époque quelques informations ont filtré mais depuis, plus rien. " C'est le secret le mieux gardé d'Hollywood ! J'ai fouillé partout, je n'ai rien trouvé ! Ils doivent attendre de voir comment est reçu ce nouvel album. Et je pense que dès qu'une info va sortir ça va partir comme une traînée de poudre."
Le film devrait être sur les écrans en 2013. Mais attention, la musique d'Hendrix sera totalement absente de la bande originale ! Les producteurs n'auraient pas demandé l'accord de la famille du chanteur, et cette dernière a en conséquence décidé qu'il n'y aurait aucun titre dans le film. Le biopic va donc raconter la première partie de la carrière de l'idole, quand il jouait des reprises. Yazid Manou parie néanmoins que les ventes d'albums d'Hendrix, enregistrés de son vivant ou sortis post-mortem, décolleront suite à la sortie du film !

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Blues pour Jimi Hendrix
Stéphane Koechlin
Editions du Castor Astral
Comme Anubis dans la mythologie égyptienne, Yazid est le gardien d'un mort, Jimi Hendrix. Il porte des fleurs sur sa tombe, soigne sa postérité, veille à sa gloire... Vingt ans après sa disparition, il lui a consacré un festival à Paris, avec une soirée à l'Olympia qui a bouleversé sa vie. Il y a bien sûr convié en premier lieu le bassiste de Jimi, Noel Redding personnage douloureux et attachant, frappé trois mois plus tôt par un deuil terrible. Depuis, la vie de Yazid est rythmée par les nouvelles de la " famille Hendrix ", disputes avec la demi-soeur Janie, rencontre avec ceux qui l'ont connu (B.B. King Eric Clapton, Paul McCartney, Johnny Hallyday, Miles Davis, Taj Mahal...), disparition des grands témoins (Noel Redding Buddy Miles, Monika Dannemann, sa dernière compagne, Al Hendrix, son père, puis Mitch Mitchell). Ce livre est l'évocation d'une idole fascinante jusqu'à l'obsession. Il raconte (à rebours) l'existence de la star des années 1960 au gré du marathonien Yazid, des publications, expositions, films, objets dispersés aux quatre vents depuis des décennies, et du culte dont il est l'objet. Il examine l'inquiétant fétichisme et le phénomène fan, mais parle aussi du refus de mourir, et surtout de passion musicale.