Le premier constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën (100.000 salariés dans l'hexagone) a provoqué un choc jeudi en annonçant la fin de la production en 2014 à l'usine d'Aulnay (région parisienne), où travaillent plus de 3.000 salariés, et un plan global de 8.000 suppressions de postes en France. La fin de la production de voitures à Aulnay est la première fermeture d'une usine automobile en France depuis celle de Renault à Boulogne-Billancourt en 1992. "La guerre est déclarée", a estimé Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA, pour qui "en temps de crise économique, c'est un crime social de fermer une usine, de sacrifier Aulnay au nom de la rentabilité". Philippe Varin, le patron du groupe, a dit "mesurer pleinement la gravité des annonces faites aujourd'hui ainsi que le choc et l'émotion qu'elles provoquent dans l'entreprise et dans son environnement". Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a parlé d'un "véritable choc". Le groupe - qui a reçu près de 4 milliards d'euros de subventions publiques au cours des dernières annnées - a mis en avant des pertes au premier semestre et une réduction durable des marchés en Europe pour justifier ces décisions radicales en matière d'emploi, qui viennent s'ajouter à celles de fin 2011. PSA avait alors annoncé son intention de supprimer 6.000 postes en Europe, dont près de 4.000 en France, y compris chez les prestataires (2.100 postes). L'action du constructeur était en hausse jeudi matin à la bourse de Paris.
La Commission européenne s'est dit prête jeudi à examiner avec les autorités françaises des demandes de soutien à l'emploi, après l'annonce par le constructeur automobile français PSA de la suppression de 8.000 emplois en France. "La Commission est prête à considérer des demandes des autorités françaises, soit sur la base du Fonds européen de mondialisation soit sur la base du Fonds social européen", a déclaré au cours d'un point de presse Jonathan Todd, porte-parole du commissaire européen chargé de l'emploi, Laszlo Andor. M. Todd a évoqué la formation pour aider les personnes licenciées "à trouver un nouveau travail". "Il est trop tôt pour dire si les critères du Fonds de mondialisation s'appliqueraient ou pas", a-t-il cependant prévenu, en rappelant que depuis fin 2011, les Etats membres de l'UE avaient décidé de ne pas renouveler la possibilité d'utiliser ce fonds "dans des cas de licenciements liés à la crise économique". "Il faudrait que les autorités françaises prouvent que les licenciements étaient dus aux effets de la mondialisation", a-t-il dit.
PSA Peugeot Citroën, premier constructeur automobile français
AFP
PSA Peugeot Citroën, avec 3,58 millions de véhicules produits l'an dernier et plus de 209.000 salariés dans le monde, est le premier constructeur automobile français. Né en 1976 de la reprise de Citroën par Peugeot, le groupe conserve la majeure partie de sa production en Europe. Sur les 16 usines qu'il possède en propre ou via des coentreprises, 12 sont implantées sur le continent dont la moitié en France. Sochaux (Doubs), site historique de Peugeot, est dédié aux gros modèles comme le monospace 5008 ou la Citroën DS5. Il a produit plus de 372.000 unités en 2011 et comprend aussi le centre d'essai de Belchamp. En Alsace, l'usine de Mulhouse assemble des citadines comme la 208 ou à DS4, à hauteur de 320.000 véhicules en 2011. Le constructeur possède aussi deux usines en région parisienne. Celle d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), créée en 1973, se consacre uniquement à la Citroën C3 produite à 136.000 exemplaires. Poissy (Yvelines) fabrique des petits modèles (238.000 en 2011) mais compte aussi un pôle tertiaire, le centre technique de Carrières-sous-Poissy, une plateforme logistique et un centre de traitement informatique. Rennes La Janais (Ille-et-Vilaine) se consacre au moyen et haut de gamme et a produit 182.000 voitures. Les utilitaires sont assemblés à Sevelnord (Nord), usine détenue avec l'italien Fiat et dans son pendant Sevelsud en Italie. PSA compte encore deux usines en Espagne (Madrid et Vigo, l'une des plus grosses du groupe avec 356.000 unités), Mangualde au Portugal et Kolin en République tchèque, détenue avec Toyota. A partir des années 2000, le constructeur se renforce hors d'Europe. Il possède à présent une usine à Buenos Aires en Argentine (150.000 unités), une à Porto Real au Brésil (146.000 unités), une en Russie à Kaluga. En Chine, premier marché automobile mondial, PSA est présent via deux coentreprises et deux usines, l'une à Wuhan dans le centre du pays, la seconde en construction à Shenzhen, dans le sud. Au-delà de l'automobile, le groupe comprend aussi la banque PSA Finance, le groupe de logistique Gefco, l'équipementier Faurecia (contrôlé à 57,43%). Il employait en tout 209.000 personnes à fin 2011 dont un peu plus de 100.000 en France. Plus de la moitié des salariés (117.500) sont des ouvriers, le reste se décomposant entre techniciens et cadres.