Et Al-Quaïda ? On est en train de dire Al-Quaïda est mort : moi je veux bien, mais mon sentiment c'est qu'ils sont encore plus puissants qu'avant. Au Pakistan, tous les gens qui soutiennent Al-Quaïda sèment la terreur et contrôlent les zones tribales. En Afghanistan les Talibans vont reprendre le pouvoir après le départ de la coalition, c'est quand même surprenant. En Irak, Al-Quaïda existe, au Yemen aussi et le mouvement le plus opérationnel en Syrie est une mouvance d'Al-Quaïda. Mais ces actes terroristes isolés (Toulouse, Boston, Londres) sont presque impossibles à prévenir pour les forces de police ou les services de renseignements ? Si vous prenez du recul, et sans faire de procès, vous voyez que Merah était dans le collimateur des services. Il avait été entendu par la DCRI. Donc, il y a eu un dysfonctionnement. A Boston, le FBI avait été informé. Ce qui veut dire que ces actes auraient pu être prévenus selon vous. Mais il faut alors développer une société de la surveillance des citoyens ? Ca c'est un choix politique et de société : [pour le crime de Londres] il semble que le British Security Service avait des indications sur l'un des deux individus, ils étaient donc dans le "scoop" des services de surveillance, ces deux tueurs. Le 11 septembre aurait pu être évité, ce n'est pas moi qui le dis, c'est une commission d'enquête du congrès américain qui pointe les dysfonctionnements. Je me suis occupé de terrorisme de 84 à 2005 et c'est très difficile d'empêcher des attentats, mais nous y sommes parvenus. Que faudrait-il faire concrètement, un système de surveillance prédictif, de profilage, un fichage de toute la population, comme les Etats-Unis semblent vouloir le faire ? Mais c'est ce que
Jean-Jacques Urvoas (
Président de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République de l'Assemblée nationale, Parti socialiste) préconise : il veut protéger les service de répression du terrorisme, parce que certains services sont amenés à commettre des actes illégaux pour prévenir les attentats. L'idée serait de doter la lutte anti-terrorisme d'une législation qui autorise des actes qui par nature sont illégaux, comme la pose de micros clandestins, des tas de choses comme ça. Ces autorisations permettraient de mieux surveiller certains individus, de permettre des enquêtes en mettant des balises sur le véhicule d'un individu avant d'avoir vu un magistrat, par exemple. Urvoas va même plus loin puisque qu'il dit que des tas de fichiers ne sont pas autorisés à être interconnectés entre eux et qu'il faudrait le faire. Si le législateur l'autorise, et qu'il y a des moyens de contrôle mis en œuvre, j'y suis favorable. Il y aurait les fichiers des voitures volées, celui des disparus, par exemple, mais je pense aussi aux
Passenger Names Records, c'est à dire des gens qui font des réservations et circulent d'un pays à l'autre. Le problème est qu'on peut se déplacer dans l'espace Schengen sans aucun contrôle, mais ça c'est autre chose…