Un dossier accablantEn 1998, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) n’existe pas encore et du côté du ministère de la santé, c’est le silence radio. Que faire ? En septembre, de concert avec son collègue Joël Ménard, à l’époque Directeur général de la Santé, il publie un article dans le mensuel grand public «
La Recherche ». Dans celui-ci, les chercheurs rappellent les connaissances scientifiques sur les dangers de la surconsommation de sel. Ils mettent en garde contre la désinformation et font allusion aux importants intérêts économiques qui se cachent derrière le sel ajouté en excès par l'industrie agro-alimentaire au moment de la fabrication des produits (cf.encadré). L’article est repéré puis repris par les médias. Notamment par deux journalistes d’investigation du magazine
Le Point : Christophe Labbé et Olivia Recasen. Pierre Meneton, ne le sait pas encore, mais cet article marquera le début d’un combat qui durera douze ans.
Fin 1999, peu après la création de l’Afssa, Pierre Meneton, transmet à l’Agence un rapport sur les conséquences de la surconsommation de sel des Français - 75 000 accidents cardio-vasculaires, dont 25 000 décès, lui seraient imputables chaque année. Simultanément, Joël Ménard en fait de même. Leur objectif : faire remonter les données auprès des pouvoirs publics. Ils sont auditionnés. Mais, très vite, ils s’aperçoivent que « les conseils nutritionnels à la population française » à paraître, ne tiennent pas compte de leur recommandations et que l’auteur retenu par l’Agence pour rédiger le chapitre relatif au sel n’est autre que... Tilman Drüeke !
Buzz médiatiqueFévrier 2001, Christophe Labbé et Olivia Recasens qui suivent l’affaire de près, sortent un dossier complet qui fait la une du
Point. Ils y exposent les problèmes de santé publique, la désinformation opérée par les lobbies agro-alimentaires via des experts acquis à leur cause et… l’inaction des pouvoirs publics. Coup de théâtre : «
du jour au lendemain, la situation change du tout au tout » se rappelle le chercheur. Le directeur de l’Afssa de l’époque, Martin Hirsch, le contacte par téléphone. Joël Ménard et Pierre Méneton, sont conviés à un groupe de travail où siègent également... Tilman Drüeke et les industriels de l’agro-alimentaire ! Début 2002, l’Afssa émet ses recommandations. Un rapport est signé par l’ensemble des parties «
il est enfin à peu près en concordance avec les connaissances scientifiques et les autres recommandations dans le monde. »
Parallèlement à ces travaux, durant toute l’année 2001, le bruit médiatique continue, les émissions de plateaux télés s’enchaînent, les reportages aussi. La machine médiatique s’emballe. «
En l’espace de trois ans, on n’a jamais autant parlé de l’effet nocif du sel sur la santé. Les grands groupes industriels qui pendant 30 ans avaient réussi à étouffer l’affaire sont catastrophés. » Mais M. Méneton n’est pas encore au bout de ses surprises…