Des "dissimulations"
Aujourd'hui, beaucoup de questions continuent de se poser. La principale: quel fut le poids réel de cet imbroglio iranien dans la chute de PSA?
Pour l'heure, nul ne semble avoir l'intention d'y répondre. Dans les communiqués, la direction du groupe automobile évoque timidement les sanctions internationales... "Nous n'allons pas nous mettre hors-la-loi" affirme alors Pierre-Olivier Salmon, responsable des relations presse chez PSA. Quant à la pression d'un lobby américain, la réponse est claire "ce n'est pas la motivation".
Pour Jean-Pierre Mercier, il y aurait "peu d'espoir que le gouvernement manifeste une vraie volonté d aller à l'encontre de Peugeot", donc de faire toute la lumière sur cette affaire dans le plan social. Ces dernières semaines, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, n'a certes jamais manqué l'occasion de tacler le groupe Peugeot avec des mots comme "mensonges", "dissimulations". Ambiance … Des propos que Thierry Peugeot ,
l'héritier du groupe automobile a du mal à encaisser. Mais si le ministre dénonce la mauvaise stratégie du groupe, il ne dit rien sur le gel iranien.
Pas un mot non plus d'ailleurs sur la visite de Michel Rocard en Iran, comme émissaire de François Hollande en mai dernier, une semaine après son élection à la présidentielle. Officiellement, il était à Téhéran pour réchauffer les relations diplomatiques, mais il y aurait rencontré les dirigeants d’Iran Khodro, le partenaire de Peugeot jusqu'au coup d'arrêt de février, et principal groupe automobile du pays. Reste à connaître l'objet de cette visite pour l'ancien premier ministre.
Un plan social "au congélateur"
Silence aussi du côté de PSA depuis des mois. Un document interne daté du 23 août 2010, et remis à la CGT début juin 2011 "anonymement" assure Jean-Pierre Mercier, prévoyait d'ores et déjà la fermeture du site d'Aulnay. Une mention très courte : "Aulnay : ajustement programmé". Mais pour le "cégétiste", la décision est encore plus ancienne et remonterait...à 2004. Il affirme que chez Peugeot, "les plans se font sur 10 ans". Jusqu'au bout, la direction a nié. Le 18 juin dernier, lors de la première réunion tripartite, Denis Martin, directeur industriel de PSA affirme alors qu'il s'agit "d'un document de travail caduc". "On était à trois semaines de l'annonce", ajoute Jean-Pierre Mercier. La fermeture d'Aulnay était donc décidée depuis longtemps. Mea culpa de Philippe Varin lors de son audition à la Commission des affaires économiques du Sénat le 26 juillet dernier. Il parle alors du fameux document interne.
Si l’Iran n’est pas une cause directe. C'est vraisemblablement un facteur qui a augmenté la crise chez PSA.