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"Plateforme médiatique toxique", "réseau de désinformation"... les titres de presse qui tournent le dos à "X"

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Archives : éclairage du panneau "X" sur le toit du siège de l'entreprise à San Francisco, le 28 juillet 2023.

 

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Après le journal britannique "The Guardian", c'est au quotidien espagnol "La Vanguardia" de quitter la plateforme "X". Les deux médias ont annoncé leur décision de suspendre leurs activités sur le réseau social d'Elon Musk en raison de la désinformation et autres contenus "toxiques" qui y prolifèrent. 

Au revoir, bye-bye, hasta la vista "X". À l'instar de CBC et Radio-Canada, le prestigieux journal britannique The Guardian et le quotidien espagnol La Vanguardia annoncent qu'ils ne publieront plus de contenus sur la plateforme du milliardaire Elon Musk. Depuis l'acquisition du réseau social par le patron de Tesla et proche de Donald Trump, la presse se pose régulièrement l'épineuse question : claquer la porte ou poursuivre leur relation toxique avec la plateforme ? Les directions de ces rédactions ont tranché : elles partent. 

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"Désinformation" et "théories du complot"

"L'ex-Twitter rend viraux des messages qui portent atteinte aux droits humains", accuse le journal dans un éditorial publié ce jeudi 14 novembre, dans lequel il souligne qu'il continuera toutefois à suivre sur le réseau social les comptes de personnalités, d'entreprises ou de personnalités pour "pouvoir informer ponctuellement ses lecteurs de messages ou de débats qui peuvent y être échangés ou y avoir lieu". La direction de La Vanguardia, située à Barcelone, déplore que l'ex-Twitter soit devenu "un réseau de désinformation" où les "théories du complot et le mépris des droits de l'homme sont très présents"

Une réflexion partagée par leurs confrères du Guardian qui ont annoncé, un jour plus tôt, la suspension de leurs activités sur la plateforme. Le journal britannique s'est dit inquiet "depuis longtemps" concernant le contenu "comprenant des théories du complot, des discours d'extrême droite et du racisme" qui circule dans "X". 

L'alliance entre les milliardaires Trump et Musk 

Le facteur qui a fini par convaincre, aussi bien The Guardian que La Vanguardia, c'est la couverture de l'élection présidentielle aux États-Unis. À l'issue de l'élection présidentielle, qu'il a remporté le 5 novembre, Donald Trump a fait part de son intention de nommer le richissime Elon Musk à la tête d'une commission chargée de tailler dans la dépense publique. Il travaillera en binôme avec l'homme d'affaires républicain Vivek Ramaswamy.

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"X s'est rempli depuis l'arrivée d'Elon Musk de contenu toxique et désorientant de façon de plus en plus marquée", fustige encore La Vanguardia. Dans son communiqué, le journal espagnol souligne qu'en juin dernier, "la plateforme a mis à jour les conditions générales d'utilisation de sorte qu'il soit possible de publier du contenu pornographique à condition qu'il s'agisse d'un comportement consenti entre adultes". The Guardian, lui, a pointé du doigt un "contenu souvent perturbateur". 

Un algorithme politique et des bots tout-puissants 

La présence des bots gagne du terrain sur X jusqu'à atteindre le "ridicule", estime le quotidien espagnol. Un phénomène jugé "grave" qui s'est ajouté à la liste des raisons qui animent cette décision. Dans une interview accordée à La Vanguardia, l'historien Yuval Noah Harari expliquait que "plus de 20% du contenu sur X est déterminé par des bots, ces algorithmes qui décident les voix qui seront amplifiées et celles qui seront silenciées".

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Au-delà du contenu "toxique", la rédaction Barcelonaise cite les propos de Yuval Noah Harari qui mettent en exergue la portée des actions du milliardaire : "Elon Musk a été capable de mettre à profit son influence pour donner forme au discours politique". Reste à savoir quelle sera la stratégie des organes de presse pour contourner la menace qui représente les géants du numérique sans empiéter sur les audiences.