Plus de 100 000 migrants ont traversé illégalement la Manche en bateau depuis 2018

Jeudi 10 août, ils étaient 755 migrants à tenter la périlleuse traversée vers les côtes anglaises. Un record journalier depuis le début de l'année, qui porte à 100 715 le nombre total de migrants à avoir traversé la Manche depuis 2018, date à laquelle le Royaume-Uni a commencé à compter ces traversées, effectuées surtout depuis la France.

Depuis le verrouillage du port de Calais et du terminal Eurotunnel, qui rend plus difficile voire impossible le passage des migrants dans des camions, les passeurs optent en effet pour la voie maritime.

Sauvés des eaux

Détroit parmi les plus fréquentés au monde, la Manche est régulièrement le théâtre de naufrages mortels de petites embarcations sur lesquelles les migrants s'entassent après avoir payé à prix d'or des passeurs pour la traversée. Vingt-sept personnes ont ainsi perdu la vie en novembre 2021.

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Malgré les promesses du Brexit de "reprendre le contrôle" des frontières, le nombre de migrants qui ont réussi à arriver sur le sol britannique à bord de petites embarcations a connu un record en 2022, avec 45 000 personnes entrées sur le territoire. Depuis le début de l'année, ils sont un peu moins de 16 000 à avoir atteint les côtes britanniques, suggérant une tendance à la baisse.

Ayant adopté une rhétorique assumée très dure envers les migrants, le gouvernement conservateur a multiplié ces derniers jours les annonces visant à lutter contre le phénomène. Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a promis de "stopper les bateaux", alors que les sondages prédisent une victoire de l'opposition travailliste aux élections législatives attendues l'année prochaine.

Il a également annoncé avoir mis en place une équipe pour s'attaquer aux "avocats qui aident les migrants à exploiter le système migratoire" britannique et renforcé son soutien financier à la France, qui l'aide à surveiller les côtes.

Les mesures visant à dissuader les tentatives de traversée ne s'arrêtent pas là. Une nouvelle loi entrée en vigueur en juillet et dénoncée jusqu'à l'ONU interdit désormais aux migrants arrivés illégalement sur le sol britannique de demander l'asile au Royaume-Uni. Elle prévoit leur expulsion vers leur pays d'origine ou vers des pays tiers comme le Rwanda, un projet toutefois bloqué par la justice pour le moment.

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Déconvenue pour les conservateurs

La barre des 100 000 migrants tentant la traversée a donc été franchie alors même que le gouvernement britannique conservateur fait face à une nouvelle déconvenue dans le déploiement de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine. Le gouvernement de Rishi Sunak souhaitait utiliser une barge à quai pour loger les migrants en attente de décision, dans l'objectif de réduire la facture d'hébergement des demandeurs d'asile.

Mais la présence dans le système d'approvisionnement en eau de légionelles, des bactéries pouvant provoquer la légionellose, une infection respiratoire, ont poussés 39 pensionnaires arrivés à bord à quitter la barge vendredi "par mesure de précaution", a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Le porte-parole du Home Office a cependant assuré que personne à bord ne présentait de symptômes, assurant que la "santé" et le "bien-être" des pensionnaires étaient des "priorités absolues". 

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Malgré l'abondance de critiques de la part d'associations de défense des droits humains, fermement opposées à la mise en place de ce dispositif, à terme, la barge, nommée "Bibby Stockholm", doit accueillir jusqu'à 500 demandeurs d'asile.