Fil d'Ariane
Le chiffre est impressionnant, puisqu'il représente 28% des élus FN, selon un décompte de l'AFP. En deux ans, le "premier parti de France" a donc vu 400 de ses élus envoyer leur mandat aux orties et quitter le parti. Quelque chose semble ne pas fonctionner correctement au sein du Front national, entre les annonces pré-électorales de campagne, puis la réalité du terrain et la pratique du pouvoir.
Tout est ficelé d’avance, il faut voter pour. Tout le monde doit dire amen.
Aurélien Colly, journaliste à France Inter a enquêté et interrogé quelques uns des démissionnaires au sein de municipalités, et tenté de comprendre le pourquoi de cette hémorragie d'élus. A Cogolin, dans la baie de Saint-Tropez, dix membres de l'équipe du maire FN, Marc Etienne Lansade, ont quitté le navire. Encore deux qui démissionnent, et il faut organiser un nouveau scrutin…
Le militant local, Anthony Guiraud, qui a fait venir le candidat Lansade devenu maire de Cogolin, ne décolère pas, et explique : " (…) pas un seul conseil municipal sans un projet immobilier, sans projet de vente, parce que Mr Lansade est en train de dilapider le peu de biens communaux que Cogolin possède. Des conseils municipaux où nous ne sommes pas préparés, il n’y pas de réunions préparatoires. Tout est ficelé d’avance, il faut voter pour. Tout le monde doit dire amen". Anthony Guiraut a quitté l'équipe municipale l'année dernière.
Autoritarisme, clientélisme, les accusations à l'encontre de Marc Etienne Lansade ne sont pas isolées et reviennent dans d'autres municipalités où des démissions s'enchaînent. C'est le cas de Marseille, dans le 7ème secteur (composé des 13e et 14e arrondissements, le plus peuplé de la ville avec environ 150.000 habitants), dont le maire, Stéphane Ravier, est surnommé "le dictateur nord-phocéen" : dossiers et validations de vote imposés aux membres, taux de réalisation au plus bas et contrôle total du maire sur… tout et tous.
14 municipalités françaises sont dirigées par le Front national aujourd'hui, et le bilan de l'action politique du parti d'extrême droite n'est pas encore effectué, mais la stratégie de sa présidente est clairement établie : démontrer que son parti est parfaitement en mesure de gouverner… grâce au bilan de son action locale.
Il n’y a que des gens opportunistes, qui sont là pour se remplir les poches
La fuite d'élus en cours n'est donc pas faite pour conforter ce discours du parti "aux mains propres, qui ne s'entre-déchire pas et sait agir au plus près des besoins des gens" que le FN — par la voix de Marine Le Pen — tente d'imposer.
Dans le seul département du Var, ce sont 21 élus qui ont démissionné depuis les municipales de 2014. Le témoignage de l'un d'eux, Romain Tardieu, ex-élu et cadre FN à Brignoles, est particulièrement intéressant pour mieux comprendre le fonctionnement du Front national, plus précisément dans le cadre d'élections locales. Reportage de France Culture, diffusé le 16 juin 2016 :