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- Pollution de l'air : la réalité des grandes villes...
Selon Airparif 37% de la pollution particulaire (PM2,5) en Ile de France provient du résidentiel et tertiaire, 27% du trafic routier
Une rumeur, persistante, depuis la pollution française de mars dernier voudrait que l'Allemagne nous ait envoyé sa pollution industrielle, plus particulièrement celle des centrales électriques à charbon réouvertes depuis la sortie du nucléaire opérée outre-Rhin après l'accident de Fukushima. Cette affirmation est fortement contestée par des analystes, comme Olivier Daniélo sur le site web Techniques-ingénieur :
(…) du fait des vents d’ouest dominants, la France (pays de la zone tempérée du littoral Atlantique) envoie plus souvent ses particules vers ses voisins de l’est que l’inverse. La pollution française est poussée vers l'Allemagne. (…) selon Airparif 37% de la pollution particulaire (PM2,5) en Ile de France provient du résidentiel et tertiaire (chauffage, y compris au bois, moyen de chauffage encouragé par Ségolène Royal), 27% du trafic routier (véhicules diesel), 24% de l’industrie manufacturière et 7% des activités agricoles (dont les épandages d'engrais). Le trafic aéroportuaire pèse de son côté 2% et les transports ferroviaires et fluviaux 1%. Pour les PM10 les ordres de grandeur sont globalement équivalents. A noter qu'au niveau du boulevard périphérique de Paris, la part du trafic routier monte à 47% au lieu de 27% en moyenne en Ile de France(…)"
Se centrer sur la pollution des moteurs diesel est important mais n'est pas suffisant, particulièrement si les limitations sont opérées occasionnellement, et donc seulement en cas d'alerte. Il n'en reste pas moins que l'exposition humaine aux gaz d'échappement est dangereuse, comme une étude le souligne — avec par exemple — l'augmentation de risques de diabète chez l'enfant.
Comme le souligne nombre d'associations environnementales, la réduction de la pollution aux particules fines reste avant tout dépendante d'une volonté politique, qui doit être multiple dans ses actions et celles-ci doivent être maintenues dans le temps, améliorées et, surtout, suivies d'effet.
Une ONG allemande, BUND, a réalisé un classement des meilleurs pratiques de réduction de la pollution de l’air sur le volet des transports pour 23 villes européennes de grande taille.
Le résultat est intéressant, puisqu'il démontre que certaines villes — en avance il y a quelques années comme Berlin — reculent aujourd'hui dans leur politique de réduction de la pollution de l'air par les transports. D'autres, au contraire effectuent des efforts très importants à tous les niveaux, comme Zurich (Suisse), Copenhague (Danemark) ou Vienne (Autriche).
La pollution aux particules fines est un sujet de société qui touche le monde entier et particulièrement les pays développés ou ceux parmi les plus avancés dans leur industrialisation, mais sans réponse politique clairement établie.
L'Europe a ses villes "rouges" de pollution : Luxembourg, Madrid, Lisbonne, Londres, Milan ou Paris. Si les rejets de gaz polluants sont moins importants qu'il y a 30 ans, leur concentration, elle, augmente sensiblement.
La réglementation européenne en vigueur tente d'aider les villes à améliorer la réduction de cette pollution, mais force est de constater qu'aucune politique concertée et contraignante n'est en œuvre au sein de l'Union :
"La réglementation européenne actuelle sur la qualité de l’air repose sur le principe selon lequel les États membres de l’UE divisent leur territoire en un certain nombre de zones de gestion dans lesquelles ils sont tenus d’évaluer la qualité de l’air en utilisant des méthodes de mesure ou des approches de modélisation. La plupart des grandes villes sont désignées comme zones de gestion. Si les normes relatives à la qualité de l’air ne sont pas respectées dans une zone, l’État membre est tenu d’en informer la Commission européenne et d’en expliquer les raisons (…) Les États membres doivent ensuite développer des plans locaux et régionaux décrivant la façon dont ils entendent améliorer la qualité de l’air. Ils peuvent par exemple établir des zones dites « à faibles émissions » restreignant l’accès des véhicules les plus polluants. Les villes peuvent également encourager une transition du transport vers des modes moins polluants comme la marche, le vélo et les transports en commun. Les pays peuvent aussi faire en sorte que les sources de combustion industrielle ou commerciale soient équipées des technologies les plus avancées de contrôle des émissions."
A quand une Europe de l'air pur ? Il y a urgence. Selon un récent rapport l'OMS (Organisation mondiale de la santé), près de 600 000 décès ont été causés en 2012 par la pollution de l'air en Europe, 480 000 personnes sont mortes par la faute de l'air ambiant, 117 200 par l'air intérieur. Ce phénomène, en augmentation et les causes de cette pollution (les rejets de l'industrie, des transport ou des chauffages collectifs) sont désormais parfaitement connues et évaluées scientifiquement.