Les partis nationalistes sont le plus souvent populistes et peuvent être assimilés aux courants politiques dits d'extrême droite. Mais si un Nigel Farage est nationaliste et populiste, il ne veut pas pour l'instant, dit-il, se rapprocher de Marine Le Pen parce qu'elle est pour lui, antisémite. Le parti de Farage, l'UKIP est europhobe, mais n'a pas d'attaches historiques avec l'extrême droite. Pour le Front national, Marine Le Pen a déclaré ne plus vouloir être assimilée à l'extrême droite. Son parti est pourtant clairement issu de cette idéologie politique :
plusieurs de ses cadres ont tenu des propos négationnistes, comme Bruno Goldnisch, et d'autres, racistes, homophobes, islamophobes, émanent fréquemment du parti, même si sa nouvelle présidente tente de camoufler cet aspect pourtant central dans l'idéologie du FN. Un parti d'extrême droite voulant devenir parti de gouvernement aurait-il vocation à ne plus s'en revendiquer ? Le cas italien, avec Bepe Grillo est encore plus complexe : l'humoriste "anti-élites" a créé son mouvement grâce à Internet et rassemble des partisans très hétéroclites : pour résumer, tous ceux qui ne supportent plus la classe politique et le jeu des alternances de la démocratie représentatives sont les bienvenus dans le mouvement. Grillo a tenu des propos de gauche sur l'économie, le social, mais est résolument raciste et anti-immigration. Où se situe le repère idéologique pour caractériser un mouvement comme celui de l'humoriste italien ? Peut-être nulle part, hormis dans un populisme omniprésent et assumé qui mène le leader du mouvement 5 étoiles à effectuer des grands écarts menant à une espèce de tambouille politique. Pour mémoire, Grillo a débuté en animant des "journées V-Day" c'est à dire des journées Vaffanculo (va te faire foutre). Sur le plan économique, l'extrême droite peut être autant libérale qu'étatique. La reconnaître ne peut se faire en réalité que sur des critères toujours présents, quels que soient les groupes ou les pays : la xénophobie et le discours sécuritaire, toujours centraux, ainsi que le nationalisme. Discours qui s'expriment par des principes de "préférence nationale", pouvant se décliner en "priorité nationale". Au final, les partis d'extrême droite européens sont divers et pas toujours compatibles entre eux. Certains nationalistes et populistes ne sont pas classables à l'extrême droite en tant que tel, quand bien même des partis populistes inclassables cumulent les idées racistes avec une vision sociale de gauche… La réalité de ce scrutin est qu'une frange politique profondément europhobe, nationaliste, populiste a percé dans les urnes de plusieurs pays : France, Royaume-uni, Autriche, Danemark, et dans une moindre mesure, en Italie. Les extrêmes droites en sont une composante, comme en France ou en Autriche, mais il n'est pas certain qu'elles arrivent à s'allier avec les autres formations populistes. Tout dépendra des tendances à abandonner des idéologies pour certains, ou à s'en revendiquer pour d'autres. Le paysage politique européen, en juin, démontrera la possibilité de rapprochement ou non entre ces formations. Si toutefois elles parviennent à s'accorder malgré les multiples critères qui les définissent : il reste qu'elles ont toutes en commun une profonde détestation de l'Europe.