L'ouragan, désormais classé en catégorie 3 (sur une échelle de 5), est passé jeudi 21 septembre, à environ 130 kilomètres au nord de la République dominicaine, en direction des îles britanniques Turques-et-Caïques. Oscillant entre les catégories 4 et 5 lorsqu'il a touché Porto Rico, l'ouragan a fait d'énormes dégâts et des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans des refuges.
Le président americain Donald Trump a décrété l'état de catastrophe naturelle, libérant des fonds fédéraux pour l'aide d'urgence et la reconstruction à Porto Rico où la plupart des infrastructures ont été endommagées. Il a également confirmé une visite prochaine sur le territoire des Grandes Antilles.
"Porto Rico est absolument anéanti, (...) et dans un état très, très, très délicat... Le réseau électrique est détruit.Le président américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.
L'ouragan a eu un impact
"catastrophique" sur le réseau de téléphonie mobile, a indiqué l'Agence américaine de régulation des télécommunications, estimant que
"plus de 95% des bornes" sont hors-service.
Risque de pluies diluviennes et d'inondations
Selon le Centre américain des ouragans (NHC), les pluies pourraient atteindre 50 à 75 cm d'ici samedi, voire 90 cm par endroits.
"Si vous le pouvez, montez vers les hauteurs MAINTENANT", a lancé jeudi à l'aube dans un tweet le service météorologique national, parlant d'inondations
"catastrophiques".
Sur place, et malgré des pillages, les habitants tentaient de déblayer et de nettoyer les rues encombrées de débris. Alors que les secouristes se concentraient sur les zones les plus touchées par l'ouragan, Juani Martinez, elle, passait le balai dans une des rues du quartier où l'eau avait fini par se retirer.
"De nombreuses bouteilles se sont cassées et c'est dangereux pour les gens qui passent par ici. Je voulais aider", a confié cette femme d'une cinquantaine d'années.
Ricardo Rossello, le gouverneur de ce petit territoire américain de 3,5 millions d'habitants réputé pour ses plages de sable fin et ses eaux turquoises, a toutefois demandé aux habitants de rester chez eux et de laisser les équipes de secours faire leur travail.
"Dans l'immédiat, les gens n'ont rien à faire en dehors de leur maison ou des abris", a-t-il assuré, mettant en garde la population contre l'arrivée de nouvelles pluies diluviennes.
"Quasiment toutes les routes sont coupées. Le pire est devant nous." Ricardo Rossello, gouverneur de Porto Rico
Autour de San Juan, plusieurs dizaines de familles ont dû fuir pendant la nuit la montée des eaux. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par une résidente du quartier de Toa Baja montrait les flots atteignant le deuxième étage de sa maison.
"Nous sommes pris au piège, Dieu ne nous aide pas, nous ne pouvons rien faire", déplorait cette femme.
"Nous ne pouvons pas grimper (sur le toit) à cause du vent, regardez les vagues d'eau."
Maria est
"la tempête la plus dévastatrice" du siècle, selon les autorités de l'île. En 1928, l'ouragan Okeechobee avait fait 300 morts. "
Le San Juan que nous connaissions hier a disparu", a témoigné la maire de la capitale, Carmen Yulin Cruz. L'île pourrait être privée d'électricité
"pendant quatre à six mois", a-t-elle prévenu.
Un homme est mort à Bayamon, dans le nord-est de l'île, frappé par une planche qu'il avait utilisé pour bloquer une fenêtre et que le vent a arrachée, a annoncé le gouvernement.
La Dominique "pratiquement ravagée"
Comme Porto Rico, plusieurs îles des Caraïbes ont été touchées par Maria, après Irma il y a deux semaines. En Guadeloupe, balayée mardi par le cyclone, au moins deux personnes sont mortes. Deux autres sont portées disparues en mer.
Trois personnes ont été tuées jeudi en Haïti, selon un premier bilan établi par le ministère de l'Intérieur.
Plus au sud, la Dominique, paye le plus lourd tribut avec un bilan qui est passé de 7 à au moins 15 morts, selon le Premier ministre du petit territoire, Roosevelt Skerrit.
Frappée de plein fouet mardi, l'île est
"pire qu'une zone de combat" après le passage mardi de Maria, a déclaré M. Skerrit.
"Jusqu'à présent, nous avons enterré au moins 15 personnes", a-t-il dit à la télévision d'Antigua et Barbuda, un pays voisin.
"Ce sera un miracle si nous n'avons pas d'autres morts" alors qu'une vingtaine de personnes sont portées disparues et qu'une partie de l'île reste coupée du monde.
Des images aériennes de l'AFP montrent une partie de la Dominique jonchée de débris, notamment de toitures arrachées. Le Centre des situations d'urgence des Caraïbes (CDEMA) estime les dommages à
"70-80% des constructions".