Fil d'Ariane
Il n'avait pas vraiment envie d'y retourner. En 2012, Philippe Poutou déclarait d'ailleurs au quotidien Le Progrès: " C'est ma première et ce sera ma dernière campagne présidentielle." L'Elysée n'a jamais été un rêve pour lui, ni pour ses camarades du NPA. La présidentielle n'est que l'occasion, tous les cinq ans, de promouvoir leurs idées, de faire passer des messages.
Philippe Poutou, 50 ans, est tombé dans le militantisme à l'adolescence. Originaire de Seine-Saint-Denis, il est issu d'un milieu modeste. Son père est postier, sa mère femme au foyer. Anarchiste, internationaliste, anti-apartheid, le jeune Poutou rejoint à 18 ans Lutte Ouvrière (LO) et fait campagne pour Arlette Laguiller. La même année, il rate son bac mécanique. Difficile de tout mener de front.
Sans diplôme, il enchaîne alors les petits boulots, connaît l'intérim avant d'être embauché chez Ford comme réparateur de machine-outils. Une entreprise où il travaille toujours, à Blanquefort, en Gironde. En parallèle, Philippe Poutou poursuit sa vie militante. Exclu de LO au milieu des années 1990, il intègre ensuite la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) puis le NPA. Sous ces diverses étiquettes, il sera candidat aux législatives, en 2007, en Gironde, puis aux élections régionales, en 2010, en Aquitaine. Mais c'est son engagement syndical qui le fait connaître, surtout localement, lorsqu'en 2007, en tant que délégué syndical CGT, il aide à maintenir la moitié des effectifs de son usine. 955 emplois sont sauvés.
En 2012, Philippe Poutou va prendre une dimension nationale avec sa première candidature présidentielle. Dubitatif, l'ouvrier automobile se voit investi par son parti, sans trop y croire. D'autant qu'il succède au plus célèbre et au plus médiatique postier de France, Olivier Besancenot. Lui a réussi, lors des deux précédents scrutins présidentiels, à passer la barre des 4%, un record pour un parti de gauche radicale. En 2012, Philippe Poutou ne totalisera qu'1,15% des voix.
Cinq ans plus tard, Philippe Poutou repart donc en campagne, comme par devoir. Lui, l'ouvrier pour porter la parole des ouvriers, des travailleurs, de ceux qui se salissent les mains. Comme il y a cinq ans, il a pris un congés sans solde pour faire campagne. Et comme il y a cinq ans, sa première bataille a été celle des signatures. Jusqu'au dernier moment, le candidat anticapitaliste n'a pas été sûr de réunir les fameux 500 parrainages nécessaires pour se présenter. Cette mission accomplie, il se consacre désormais au fond : défendre ses propositions marxistes radicales. L'interdiction des licenciements, l'instauration d'un salaire minimum à 1700 euros net, la semaine de 32 heures de travail, la liberté de circulation et d'installation. Le tout sourire aux lèvres, sans jamais se prendre au sérieux (voir vidéo ci-dessous). « Je ne crois pas avoir pris la grosse tête, je suis pareil à la télé qu'avec les copains, explique-t-il, à 20 minutes. Quand on fait 1 %, c'est compliqué, faut dire ! » Mais cette fois, c'est sûr, 2017 sera sa dernière campagne. Puisque pour lutter contre la "personnalisation" de la politique, le NPA s'interdit de présenter plus de deux fois le même candidat.