Français de Nantes, Christophe Conry est guide de voyage sur l’île de Pâques. Il est devenu directeur de la plus petite Alliance française au monde et enseigne une langue qui profite économiquement à ses habitants.
« Nous sommes la plus petite Alliance française au monde »
La rencontre « Au départ, j’avais emménagé à Tahiti. J’avais 28 ans et quitté Nantes, en France, pour le soleil de la Polynésie française. Et puis, sept ans plus tard, lors d’un voyage aux alentours, je suis tombé amoureux de l’île de Pâques. Et d’une Chilienne. Ce petit bout de terre de 162 km2 se situe à 4’000 kilomètres au sud-est de Tahiti. Cela peut paraître éloigné mais dans cette région très vaste, ce n’est pas bien loin. Il y a beaucoup de circulation entre ces deux destinations. Certains Pascuans ont de la famille en Polynésie française. Beaucoup de Tahitiens viennent visiter l’île de Pâques. Les habitants ont l’habitude d’entendre le français et la majorité le baragouinent même. Nous sommes 20 ressortissants français sur les 3800 habitants. Et puis, il y a de nombreux touristes de l’Hexagone. C’est même la deuxième nationalité touristique après le Chili. C’est donc tout naturellement que je suis devenu guide. Ceux comme moi qui parlent le français sont très recherchés dans ce métier. Le travail Les Pascuans ont tout intérêt à apprendre le français. Pour attirer les clients dans leurs commerce, c’est même une nécessité. A mon arrivée sur l’île, il y a trois ans, j’ai directement perçu cette envie d’apprendre la langue de Voltaire. Les habitants m’ont vite approché et je leur ai donné des cours particuliers. Et puis, l’année dernière une française, Liliane Fréchet, a décidé de fonder l’Alliance française de l’île de Pâques. J’ai trouvé l’idée excellente et m’y suis greffé. La francophonie Nous sommes la plus petite Alliance française au monde avec quatre membres actifs : une présidente, un vice-président, une trésorière et moi-même, directeur et professeur de français. Nous débutons tout juste nos activités mais cela fonctionne bien. Nos classes se remplissent. La France a reconnu et finance notre nouvelle structure. Mais pour subvenir un peu mieux à nos besoins, nous devons organiser des événements culturels payants : des concerts de musique classique, des expositions photos, la diffusion de musique francophone à la radio locale. Et ce qui est fort apprécié, des repas typiquement français. »
En français, je préfère...
Ma chanson préférée : «Le Twenty Two Bar» de Dominique A Mon livre préféré : «Le Rouge et le noir» de Stendhal Mon mot préféré : l’amour
A l’occasion du Sommet de la Francophonie, qui commence officiellement mercredi 20 octobre à Montreux, Le Temps a choisi de faire entendre la parole de francophones de tous les jours. Ici en Suisse, les Romands, minoritaires, se battent pour que le français reste pratiqué dans toutes les régions linguistiques. Là bas, l’Île de Pâques accueille la plus petite Alliance française du monde, aux États-Unis des enseignants s’escriment à vouloir diffuser le français, malgré le poids de l’espagnol, à Bruxelles des journalistes francophones continuent de réclamer des documents en français malgré l’écrasante supériorité de l’anglais dans les sommets et réunions de travail.
Ces entretiens ont été réalisés par notre partenaire Le Temps.