Pour la première fois, l'Arabie saoudite préside le G20, dominé par le coronavirus et en mode virtuel

Un sommet du G20 s'ouvre ce samedi 21 novembre sous la présidence de l'Arabie saoudite. Même s'il est réuni sous format virtuel, pandémie oblige, c'est la première fois qu'un pays arabe accueille un tel sommet. Retour sur les enjeux.
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G20 Arabie saoudite
Le roi Salmane d'Arabie saoudite en train de participer aux échanges lors d'un premier sommet virtuel du G20, le 26 mars 2020.
AP/ Saudi Press Agency
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Ce rendez-vous de deux jours intervient dans un contexte de critiques du G20 pour sa réponse face à la récession mondiale et au moment où le président américain Donald Trump conteste toujours sa défaite à l'élection présidentielle du 3 novembre.

Pas de cérémonie d'ouverture en grande pompe ni d'occasion de conclure des engagements bilatéraux, le sommet est réduit cette année à de brèves sessions en ligne, qualifiées par des observateurs de "diplomatie numérique".
 

Le G20, qui regroupe notamment les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Inde, le Brésil, la Corée du Sud, la Russie, l'Australie, l'Indonésie et l'Arabie saoudite, représente les deux tiers de la population de la Terre, 80% du commerce mondial et plus de 85% de la richesse produite.

La pandémie de Covid-19, qui a infecté plus de 55 millions de personnes et en a tué plus de 1,3 million à travers le monde, sera le principal sujet abordé lors du sommet présidé par le roi saoudien Salmane.

Financer les vaccins

Plusieurs appels adressés au G20 pour aider notamment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été lancés après la multiplication d'annonces prometteuses pour la commercialisation des vaccins tant attendus.

Dans une lettre, la Première ministre norvégienne Erna Solberg, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le directeur de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont appelé les pays du G20 à aider à combler un manque de 4,5 milliards de dollars dans le fonds de l'OMS pour distribuer des vaccins.

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a lui estimé que "les vaccins devaient être traités comme un bien public", "accessibles à tous". "C'est le seul moyen d'arrêter la pandémie". Depuis sept mois, 10 milliards de dollars ont été investis pour développer des vaccins, des diagnostics, des thérapies, a ajouté M. Guterres. "Mais il manque 28 milliards, dont 4,2 avant la fin de l'année. Ces fonds sont fondamentaux pour l'industrialisation, l'acheminement et la fourniture des vaccins", et les "pays du G20 ont les moyens" de financement.

Les pays du G20 ont dépensé plus de 21 milliards de dollars (17,7 milliards d'euros) pour combattre le coronavirus. Ils ont aussi débloqué quelque 11.000 milliards de dollars pour sauver l'économie mondiale, selon les organisateurs.

Des discours de la chancelière allemande Angela Merkel, du président chinois Xi Jinping ou encore de son homologue russe Vladimir Poutine sont notamment attendus, selon des sources proches de l'organisation. Le président Trump "participera" au sommet en ligne, a indiqué vendredi à l'AFP un haut responsable américain. Son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, sera en Arabie saoudite pour le sommet.

Prolonger le  moratoire sur la dette des pays pauvres ?

"Le sommet du G20 cherchera à renforcer la coopération internationale pour soutenir la reprise économique mondiale", espère le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan. Le 15 avril dernier, les dirigeants du G20 avaient annoncé également un moratoire de six mois sur le paiement du service de la la dette des pays pauvres. Ce moratoire a ensuite été prolongé jusqu'à juin 2021.

Cette avancée a été jugée insuffisante par les ONGs et par le Secrétaire Général de l'ONU Antonio Guterres, qui a appelé à des "mesures plus audacieuses", soutenant qu'un "nouvel allègement de la dette sera nécessaire". Avec la crise économique, les pays pauvres sont confrontés à un effondrement de leurs financements extérieurs, avance l'ONU.

La semaine dernière, les ministres des Finances du G20 ont convenu d'un "cadre commun", impliquant pour la première fois la Chine et les créanciers privés, pour alléger le fardeau de la dette.
 

Antonio Guterres demande que la suspension de la dette soit prolongée jusqu'à fin 2021. "Dans le projet (de communiqué du G20), il y a une référence à cette possibilité, bien sûr, nous aimerions qu'elle se transforme en un engagement ferme".

Voir : Moratoire sur la dette africaine : "C'est insuffisant", pour l'OCDE

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Une vitrine pour l'Arabie saoudite ?

C'est la première fois qu'un pays arabe accueille un sommet du G20. Ce sommet représente  aussi un enjeu en termes d'image pour le pouvoir saoudien. L'ombre des atteintes aux droits humains en Arabie saoudite, royaume ultraconservateur, planera cependant sur le sommet. Des proches de militants emprisonnés ont exhorté les dirigeants mondiaux à faire pression sur les autorités saoudiennes pour qu'elles libèrent les prisonniers politiques.
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Un habitant de la capitale saoudienne passe devant les portraits du roi Salmane et du prince  héritier "MBS", le 15 juin 2020.
AP Photo/Amr Nabil
En 2018, Jamal Khashoggi, le collaborateur du quotidien américain The Washington Post et critique du régime de Riyad après en avoir été proche, a été assassiné en Turquie et son corps découpé en morceaux dans le consulat saoudien, où il s'était rendu pour récupérer un document. Ses restes n'ont jamais été retrouvés.

Le meurtre de Jamal Khashoggi a plongé l'Arabie saoudite dans l'une de ses pires crises diplomatiques et terni l'image du prince héritier Mohammed ben Salmane, désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre.

Recep Tayyip Erdogan et le roi Salmane d'Arabie ont d'ailleurs évoqué les moyens d'améliorer leurs liens, lors d'un échange téléphonique ce vendredi 20 novembre avant l'ouverture du sommet.