Difficile de trouver un pays dont la presse ne s'est pas mise à l'heure belge, au lendemain des attentats meurtriers du 22 mars 2016. Avec cette impression d'une horloge arrêtée au moment des explosions mortelles, comme le déclenchement d'une guerre à l'Europe.
Une image revient à la Une des quotidiens du monde entier, le 23 mars 2016, au lendemain des attentats de Bruxelles : une file de passagers et de secouristes s'enfonce dans un tunnel sombre du métro, là où s'est produite la deuxième explosion, comme un chemin qui mènerait les Européens vers l'obscurité. Et puis, à regarder tous ces journaux, c'est un nom récurrent qui retient l'attention : Europe. Comme si la Belgique, une fois passées ses frontières n'existait plus. Comme si le pays en était réduit à n'être d'abord que le siège des institutions européennes.
Une image, le tunnel, une région meurtrie l'Europe, une synthèse à la Une de
La Razon espagnole
: "L'Europe dans le tunnel de la panique".
"
L'Etat islamique a frappé l'Europe au coeur" renchérit le
Volkskrant néerlandais quotidien de référence du voisin septentrional de la Belgique. "
L'Europe est attaquée" répète le
Corriere della Sera italien, tout comme le
Figaro français. Et le britannique
The Independent enfonce le clou : "
L'obscurité au coeur de l'Europe".
Le Saoudien anglophone
Arab News, tout comme la
Repubblica italienne font écho au commentaire du Premier ministre français Manuel Valls : "
L'Europe en guerre" dit le premier, "
L'EI fait la guerre à l'Europe", pour le deuxième. Même son de cloche pour le thaïlandais anglophone
The Nation : "
La terreur s'installe en Europe". Le francophone libanais
L'Orient le Jour, propose la vue d'un pays souvent frappé par la terreur, va plus loin : "
L'Europe tétanisée face à la terreur djihadiste".
Cette paralysie politique européenne, et même au delà, face aux attentats est soulignée par le journal israélien marqué à gauche et indépendant
Haaretz : "
Il n'y a pas de stratégie globale pour combattre le djihad global, à la suite des attentats en Belgique".
Et le
New York Times, peu compassionnel, commente froidement : "
Les attaques de Bruxelles secouent la sécurité européenne". Comme s'ils avaient la mémoire un peu courte et le souvenir déjà lointain d'un certain 11 septembre 2001.
Et que dire de cette triple manchette saisissante à l'affiche du
Estado de Minas, publication du sud-est brésilien, qui fait contraste entre les mauvaises affaires de la présidente Dilma Rousseff, et la visite de Barack Obama à son ex ennemi Raul Castro : "
Turbulences au Brésil. Guerre en Europe. Paix à Cuba", la marche du monde en trois temps.
Comme une métaphore, l'argentin Pagina 12 reprend un cri "Tout est mis en pièces !". Et c'est même "toute l'Europe qui explose" s'alarme le russe Kommersant.
Le très populaire Hürryiet turc fait le lien entre toutes ces attaques, dont certaines ont très durement marqué la Turquie : "Après Ankara, Paris et Istanbul, maintenant le terrorisme frappe à Bruxelles au cœur de l'UE".
Et puis, il y a le quotidien belge Le Soir qui lance un "
Tenir bon" à la population..et au monde peut-être.
Il y ceux aussi qui pensent d'abord à la Belgique, ce pays où il fait bon vivre, et dont l'humoriste bruxelloise Charline Vanhoenacker dit qu'il a la forme d'un cerveau posé sur la France. Comme
Le Devoir québécois qui a choisi pour photo d'illustration le désormais tristement habituel "
Je suis Bruxelles".
Ou encore cette "
folie meurtrière qui frappe Bruxelles" selon
l'Humanité française, ce 22 mars 2016 qui doit rester tout en noir selon
ABC espagnol dont les lettres s'inscrivent en noir jaune et rouge, les couleurs du drapeau de ce royaume. Ce 22 mars comme bloqué dans le tunnel de la terreur pour Libération. "
Ce jour que tout le monde craignait tant", conclut le Belge néerlandophone
De Standaard... Ce 22 mars 2016 à Bruxelles...