Fil d'Ariane
Depuis un mois la situation déjà très instable au Venezuela s’embrase. Les manifestations contre le président Nicolas Maduro ont fait 29 morts et des centaines de blessés.
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Si la pénurie avait mis les Vénézuéliens sur les nerfs, la récente tentative de la Cour suprême de prendre le pouvoir de l’Assemblée dominée par l’opposition et le refus de fixer une date pour les élections régionales ont remis les anti-chavistes dans la rue. De leur côté, les partisans de Maduro ont répondu à la contestation en manifestant eux aussi.
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Le Venezuela a illico annoncé son retrait de cette organisation d’intégration régionale qui ne cesse de dénoncer la situation explosive du pays. De son côté, le gouvernement de Nicolas Maduro accuse plusieurs pays de la région d'agir de concert en faveur d'une ingérence dans les affaires du Venezuela - par les biais de l’OEA - pour "satisfaire les intérêts de Washington". A chaque pic de tension, le Venezuela accuse les États-Unis de préparer un coup d’Etat.
Le Vzla dénonce les actions de LuisAlmagro et d'une faction de gouv. de la région,qui violent les principes de l'OEAhttps://t.co/WPGVOdytdt pic.twitter.com/v8Pfs7QJub
— Delcy Rodríguez (@DrodriguezVen) 27 avril 2017
Presidente @NicolasMaduro: "Somos libres y no reconocemos ninguna reunión, ninguna decisión de la #OEA" pic.twitter.com/5qTSn3P3UR
— Prensa Presidencial (@PresidencialVen) 27 avril 2017
Du nord jusqu’au sud, tous les États “indépendants” de la région intègrent cet ensemble. Cuba en a été exclue en 1962 pour cause "d’adhésion aux idées marxistes-léninistes” jugées incompatibles avec le système interaméricain. En 2009, l’OEA a décidé que La Havane pouvait retrouver sa place dans le bloc. Mais celle-ci n’a pas fait les démarches nécessaires. Trente-cinq pays forment cet ensemble y compris les États-Unis et le Canada.
En perte de vitesse jusqu’à l’arrivée, il y a deux ans, du nouveau secrétaire général Luis Almagro, l’OEA est en concurrence avec une organisation bien plus jeune, née en 2010 : la CELAC où l'Oncle Sam ne figure pas.L’OEA agit également par le biais de plusieurs commissions qui s’occupent de sujets allant de la lutte contre le trafic de drogues ou de personnes jusqu’aux droits des femmes.
L'Assemblée générale, qui se réunit une fois par an, fixe le cap de l’organisation. Dans des cas urgents, les ministres des Affaires étrangères des différents pays peuvent se réunir pour traiter un sujet en particulier. C’est le cas avec le Venezuela.
L’OEA peut également émettre des sanctions notamment quand "l’ordre démocratique est en danger". Pour renforcer son arsenal, depuis 2001, l’organisation s’est dotée d’un nouveau mécanisme qui active la suspension d’un membre en cas de “rupture de l’ordre démocratique” : la charte démocratique.
Celle-ci a été activée en 2009 au Honduras. Le pays a été suspendu à la suite du coup d’Etat à l’encontre du président Manuel Zelaya. Cette suspension a été accompagnée de sanctions économiques très lourdes à supporter pour ce petit pays d’Amérique centrale. L’Equateur, la Bolivie, le Pérou et le Nicaragua ont déjà été soumis à des fortes sanctions. La rupture diplomatique avec le pays sanctionné est aussi une possibilité.
.@leopoldolopez lleva 1 mes incomunicado y aislado. Condenamos acciones arbitrarias del régimen #Vzla, exigimos libertad de presos políticos pic.twitter.com/mfGIlpgd2h
— Luis Almagro (@Almagro_OEA2015) 26 avril 2017
En juin 2016, l’OEA a eu une nouvelle fois recours à la charte démocratique à l’encontre du Venezuela en considérant que le pouvoir en place “était responsable de la pénurie alimentaire et médicale, du blocage institutionnel et de la violation des droits des prisonniers politiques”.
C’est un long processus qui n’a pas encore abouti. Au mois de mars, le patron de l’OEA a de nouveau demandé la suspension du Venezuela “si des élections générales n'étaient pas convoquées". Caracas a donc devancé l’organisation en souhaitant la quitter.
Si jamais le retrait devenait effectif, les conséquences pour le pays seraient lourdes. Comme pour le Honduras (lire plus haut), Caracas ne pourrait plus prétendre aux aides et aux prêts des organismes internationaux. Mais surtout, le pays se retrouverait isolé.
Ce qui ne semble pas être la volonté des autorités vénézuéliennes car en même temps qu’elles annonçaient le retrait de l’OEA, ces dernières demandaient une réunion d’urgence à la CELAC. La Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens se réuniront donc le 2 mai prochain à San Salvador à la demande de la ministre des Affaires étrangères du Venezuela pour aborder les “ menaces contre l'ordre démocratique dans le pays et les actes de violence organisés par l'opposition”.