Fil d'Ariane
Le Parti Social-Démocrate (PSD), au pouvoir en Roumanie depuis fin 2016, souhaite voter une loi qui gracie ou amnistie les auteurs de corruption. Seraient concernés par cette loi des membres du gouvernement, à l’instar de Liviu Dragnea, l’homme fort de la vie politique roumaine - président du Parlement et patron du PSD. En juillet dernier, la cheffe du parquet anticorruption était limogée.
Le PSD est un parti corrompu, démagogue, et clientéliste.
Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du journal en ligne Le Courrier des Balkans
Pour autant, « il ne faut pas non plus diaboliser la Roumanie et sa présidence de l’UE », tempère Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans. Avant Bucarest, l’UE a été aux manettes de deux pays aux gouvernements de coalition teintés d’extrême droite, et eurosceptiques - la Bulgarie et l’Autriche.
Face à ces critiques, le gouvernement roumain souhaite montrer sa bonne volonté :
Nous contribuerons au maintien de l'unité, de la cohésion et de la solidarité [au sein de l'UE].
La Première ministre roumaine Viorica Dancila
Le président roumain, Klaus Iohannis, un europhile de centre-droit en pleine cohabitation houleuse avec le gouvernement, représentera le pays au Conseil européen. Il s'est également voulu rassurant, soulignant que la Roumanie était "bien préparée" et assumerait la présidence "d'une manière appropriée".
Chaque État qui s’apprête à présider l’UE présente un programme, défini par trois pays. La priorité de l’Autriche au second semestre 2018 aura consisté à lutter contre l’immigration clandestine. Celles de la Roumanie se déclinent en quatre chapitres sur le site consacré à sa présidence pro tempore de l'UE ; développement de l'Europe sociale, consolidation de la sécurité intérieure ou encore lutte contre le terrorisme via la "facilitation de la mise en oeuvre du mandat du parquet européen".
Pour appliquer ces objectifs pêle-mêle, « la légitimité politique de la Roumanie est faible », résume Traian Sandu, alors que le prochain sommet à 28 devrait se tenir à Bruxelles le 21 mars 2019. Il s’agira du dernier sommet à 28, avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne prévue le 29 mars 2019, et les élections européennes du 23 au 26 mai prochain.
Ce scrutin, et le Brexit - principaux défis de la présidence roumaine de l’Union européenne - feront également office de test pour la solidité de l'UE, douze ans après son élargisemment à des pays aux modes de gouvernance critiqués - la Bulgarie et la Roumanie.