Présidentielle 2017 : la France veut mieux s'organiser pour ses électeurs à l'étranger

A Montréal, Londres, Sao Paulo ou encore Sidney, l'affluence des électeurs français a entraîné parfois des heures d'attente dans les bureaux de vote pour le premier tour de la présidentielle. Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international français en a tiré des leçons et proposent quelques solutions. 
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panneaux affiches présidentielle
Des panneaux d'affichage électorale en France lors du premier tour le 23 avril 2017. 
©AP Photo/Bob Edme
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"Plus de 90 minutes d'attente pour aller voter : les Français de Montréal ont fait preuve de patience, fallait être motivé mais c'est fait !", témoignait, samedi 22 avril 2017, notre correspondante sur place Catherine François.

> Lire le témoignage de notre journaliste

Le nombre d'électeurs étaient plus importants qu'en 2012 mais surtout les bureaux de vote de la ville étaient réunis dans un même lieu - le lycée Stanislas - et de multiples contrôles de sécurité ont ralenti le processus. Londres, Sidney et Sao Paulo ont également enregistré les plus fortes affluences, selon le ministère des Affaires étrangères et du Développement international.

Cette année, le taux de participation des Français de l'étranger s'est élevé à 44% contre 38% en 2012. 866 bureaux de vote étaient ouverts- contre 780 en 2012- répartis dans 165 pays.

> Résultats et réactions des Français de l'étranger au premier tour. 

Mais ce déploiement n'a pas été suffisant. Certains électeurs découragés ont d'ailleurs quitté les files d'attente et choisi de ne pas voter. Une pétition a même été lancée à Montréal et apparemment lue... 

Notre correspondante Catherine François, nous apprenait, mercredi 3 mai, que la Consul de France avait décidé pour Montréal de réguler les flux de personnes en organisant l'attente par files.

Les solutions pour moins d'attente

En France, le ministère des Affaires étrangères a pris également note des difficultés rencontrées par les électeurs et a décidé d'apporter quelques "solutions".

  • Les horaires d'ouverture des bureaux de vote seront étendues à 20h notamment là où l'affluence a été telle qu'ils avaient fermé leurs portes avec deux à trois heures de retard. 
 
  • Sur les sites internet des consulats et des ambassades, les électeurs pourront y trouver une sorte d'info-trafic afin de connaître le temps d'attente sur leur lieu de vote. A Londres, par exemple, les votants se sont déplacés en masse sur les mêmes horaires samedi 22 avril. 
 
  • Tout sera mis en oeuvre, selon le ministère, pour fluidifier les flux de personnes, "que la file d'attente soit aussi peu insupportable que possible", tout en respectant les contrôles de sécurité obligatoires. De l'eau sera à nouveau distribuée à Sao Paolo et des toilettes chimiques installées ailleurs. 


Mais le ministère ne compte pas pour autant ouvrir des bureaux de vote supplémentaires considérant qu'il y a eu, certes, une forte affluence au premier tour, mais pas de saturation.

L'exception française ?

Et puis, plus de bureaux cela signifie aussi trouver davantage de bénévoles pour les tenir et "ça ne va pas de soi" apparemment. Autre problématique diplomatique soulevée par le ministère : impossible pour la France d'ouvrir des bureaux de vote où bon lui semble dans un Etat qui reste souverain sur son territoire. En Chine, par exemple, il leur est imposé de rester dans des établissements consulaires. 
 

Peu de nations dans le monde organisent des dispositifs permettant à leurs citoyens de voter. Les Allemands par exemple ne votent pas.

Le ministère français des Affaires étrangères

Le ministère veut visiblement rassurer les électeurs. Il entend améliorer l'organisation de cette élection, imparfaite, mais qui a le mérite d'exister contrairement à d'autres pays aime-t-on rappeler au sein du ministère. "Peu de nations dans le monde organisent des dispositifs permettant à leurs citoyens de voter. Les Allemands par exemple ne votent pas". Les Américains, eux, le font par contre par correspondance "avec le risque que leur courrier arrive après le vote et ne soit pas pris en compte". 

Pour l'élection présidentielle, la seule solution qui s'offre aux électeurs français vivant à l'étranger c'est de se déplacer aux urnes ou de faire une procuration. Contrairement aux législatives où il est possible également de voter par courrier. 

> Lire notre article sur la suspension du vote électronique pour les législatives. 


Quid du vote électronique ? 

Peut-on s'attendre à voter par Internet depuis l'étranger pour une présidentielle à l'avenir ? Cela a été le cas en 2012 pour les législatives françaises alors que des pays comme l'Estonie y ont recours pour ses élections depuis 2005.

En France, le ministère de l'Intérieur comme le ministère des Affaires étrangères s'y opposent pour "des raisons de sécurité informatique". Le vote électronique pose aussi des problèmes d'identification des votants, du respect des données personnelles alors que le fichier TES avait fait débat. Cette base de données nationale doit contenir les données biométriques croisées des cartes d'identité et des passeports des Français. 

> Qu'est-ce que la base de données TES?

Autre argument soulevé : le ministère ne voit pas de corrélation certaine entre la mise en place du vote électronique et la participation des votants. Lors des législatives de 2012, la participation avait été moindre qu'à la présidentielle sans vote électronique. Mais c'est aussi un scrutin qui mobilise en général moins les électeurs.