Fil d'Ariane
En 2017, les Français qui vivent dans la métropole québécoise avaient dû patienter pendant plusieurs heures pour pouvoir déposer leur bulletin dans l’urne : le vote se tenait dans un collège et les lieux n’étaient pas en mesure d’accueillir autant de personnes en même temps. Il avait même fallu prolonger les heures d’ouverture des bureaux de vote pour permettre à des centaines de personnes qui attendaient depuis des heures de faire leur devoir de citoyen.
Cette année, la Consule générale de France, à Montréal, a fait le nécessaire pour que le vote se déroule avec fluidité et dans les meilleures conditions possibles : « Il y a de fortes attentes de la communauté française à l’égard de cette élection et c’est un moment capital de la vie de notre communauté, donc on avait à cœur que cela se déroule au mieux », explique Sophie Lagoutte. « Et par ailleurs la communauté a encore cru par rapport à 2017, on a 10 000 électeurs de plus, donc il fallait prévoir un lieu plus grand pour tenir cette élection. Chaque élection est un dialogue avec les autorités canadiennes pour qu’elles valident son organisation, nous avons eu ce même dialogue et nous nous réjouissons qu’elles aient accepté le Palais des Congrès comme lieu de vote ». Le nombre de bureaux de vote a aussi été augmenté pour passer de 24 en 2017 à 39 cette année. Quelque 200 volontaires et une trentaine d’employés des services consulaires de Montréal et d’Ottawa seront en service pour assurer le bon déroulement de cette journée de vote.
En 2017, à Montréal, Emmanuel Macron avait remporté le premier tour avec 36% des suffrages, suivi de Jean-Luc Mélenchon, avec 30%. Marine Le Pen avait recueilli 9,5% des votes. Et au deuxième tour, Emmanuel Macron avait été élu haut la main, avec plus de 90% des suffrages. Il faudra voir quels seront les choix des Français de Montréal cette année.
Une chose est sûre : l’enjeu de la participation est le même que dans l’Hexagone. En 2017, le taux de participation à Montréal était de 40%, ce qui est un bon chiffre au regard d’autres bureaux de vote à l’étranger, par exemple autour de 15% au bureau de Tel-Aviv, en Israël. Ici comme en France, après deux ans de pandémie, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat érodé par une inflation infernale, l’électeur est peut-être victime d’une certaine forme de lassitude voire d’un désabusement qui pourrait se traduire par une absence au bureau de vote. C’est pourquoi les candidats multiplient les appels à la mobilisation de l’électorat.
Emmanuel Macron dit compter sur le vote des Français de l’étranger dans une lettre qu’il vient de leur envoyer : « Par votre vote, vous pouvez faire la différence. En choisissant les valeurs de progrès, d’émancipation et d’humanisme que j’ai souhaité porter par ma candidature. Pour cela, il suffit de vous rendre aux urnes ou, si cela ne vous est matériellement pas possible, de donner une procuration à un Français de votre circonscription. Ne laissez personne décider à votre place. Je compte sur vous et vous pouvez compter sur moi ». Dans son programme électoral, le président sortant a plusieurs propositions pour les Français qui vivent à l’étranger qui visent notamment à simplifier leurs démarches parfois kafkaïennes avec les services de l’État français, les relations avec la sécurité sociale, etc.
Jean-Luc Mélenchon y est allé lui aussi de son message pour les Français de l’étranger. Il leur promet de les intégrer au « régime universel de la Sécurité sociale qui couvrira 100% des dépenses », de « créer un guichet unique "citoyenneté, protection sociale et retraite" spécifique aux Français-es de l’étranger et intégrer la caisse des Français de l’étranger (CFE) dans la Sécurité sociale ». Le candidat de la France insoumise promet aussi d’offrir la gratuité universelle de l’enseignement français à l’étranger et d’assurer « des services consulaires forts » partout dans le monde.
Les votes des Français de l’étranger sont importants. Ils peuvent même, parfois, faire la différence, surtout quand il s’agit d’une course serrée, ce que semblent annoncer les sondages pour le second tour. Dans le cas de la communauté française de Montréal, où l’on vote progressiste traditionnellement, il faudra voir si la percée de Marine Le Pen dans l’Hexagone vont résonner de ce côté de l’Atlantique…